Cancer du sein : "Se faire dépister, c’est gagner du temps sur la maladie" rappelle Emilie Fétissof
Publié : 16 octobre 2023 à 12h08 par Noëlline Garon / crédit photo : Adobe Stock
En Centre-Val-de-Loire, 54% des femmes concernées ont réalisé une mammographie lors de la campagne de dépistage du cancer du sein en 2021-2022. Entretien avec Emilie Fétissof, médecin pour le centre de coordination de dépistage des cancers dans le Loir-et-Cher et le Cher.
A l'échelle française, moins d'une femme concernée sur deux a réalisé une mammographie sur la période 2021-2022. Ce chiffre est légèrement plus élevé en Centre-Val-de-Loire, avec 54% des dépistages contre le cancer du sein effectués. En Loir-et-Cher, on atteint même près de 56%. Celles qui ont entre 50 et 74 ans doivent effectuer cet examen tous les deux anés. Des données encore trop faibles. Pour Emilie Fétissof, médecin pour le centre de coordination de dépistage des cancers en Centre-Val-de-Loire, "c’est un sujet dont on parle de plus en plus mais la thématique cancer reste tabou".
Pourtant, le dépistage est primordial ?
Le dépistage permet de gagner du temps sur la maladie. On va détecter un cancer quand on n’a pas de symptômes. On n’attend pas d’avoir des signes cliniques pour réaliser les examens donc si on détecte une lésion, elle sera plus petite que si on avait attendu les symptômes. Dans ces cas-là, on sait que les chances de guérison sont très bonnes et que les traitements sont moins lourds et moins longs.
Est-ce qu’il y a une peur de l’examen en lui-même ?
Il faut savoir que la mammographie est une radio pour bien voir le sein, il y a une compression nécessaire. On entend souvent que ça peut faire mal. Alors oui, ce n’est pas très agréable mais il n’y a pas vraiment de douleur. Ça dépend d’une femme à l’autre, voire pour une seule et même femme, d’un examen à l’autre. S’il y a une appréhension, il faut en parler avec l’équipe médicale. Encore une fois, réaliser une mammographie, c’est mettre toutes les chances de son côté par rapport au cancer du sein qui est l’un des plus fréquents en France.
Comment peut-on améliorer les chiffres du dépistage ?
C’est important d’en parler autour de soi, de sensibiliser les femmes de son entourage. A partir de 50 ans, la mammographie est un examen important, tous les deux ans. Ça doit être un rituel instauré dans le parcours de santé de la femme. C’est un examen qui est pris en charge à 100% par l’Assurance maladie. Si le radiologue souhaite faire des analyses complémentaires, elles sont prises en charge dans les conditions habituelles.
Un difficile accès aux soins peut-il expliquer ce faible taux de dépistage ?
Les délais actuellement pour une mammographie sont plus longs qu’antérieurement dans notre région. La mammographie de dépistage n’est pas un examen à réaliser en urgence. L’échéance de deux ans, il faut l’avoir en tête et pouvoir anticiper la prise de rendez-vous. En Loir-et-Cher, il y a quelques mois de délai. Il faut se rapprocher de cabinets agréés pour cet examen.