Des vestiges de fermes gauloises et antiques à Douvres-la-Délivrande
Publié : 3 mai 2023 à 19h14 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM
C’est un peu une chasse au trésor. Un chantier de fouilles archéologiques est en cours à Douvres-la-Délivrande, avant l’extension d’une zone d’activités économiques. Il s’agit de rechercher des vestiges de l’époque gauloise et gallo-romaine.
Pioche, truelle, binette, seau, brouette mais aussi pelle de vingt tonnes avec godets de trois mètres de large : c’est un chantier pas comme les autres qui se déroule depuis début avril et jusqu’à la mi-septembre au nord de Caen, à Douvres-la-Délivrande. Il s’agit de rechercher des vestiges de l’époque gauloise et gallo-romaine. Sept à huit siècles d’histoire sont rassemblés sur les six hectares du projet. "Moi, j’étudie spécifiquement les établissements ruraux, c’est-à-dire les fermes de ces périodes anciennes" souligne Vincent Le Quellec, archéologue pour le Conseil départemental du Calvados et responsable de la fouille -quinze archéologues sont sous sa houlette-. Et les débuts sont prometteurs : "En l’espace de quinze jours, nous avons mis au jour plusieurs bâtiments, notamment de l’époque antique. Et puis les premiers objets sont au rendez-vous, comme une meule pour écraser le grain, un couteau ainsi qu’une sonnaille, une sorte de cloche ou clochette qu’on met au cou des animaux d’élevage, qui broutent l’herbe".
Des spécialistes pour reconnaître tous les objets
Le site de Douvres-la-Délivrande est singulier dans la mesure où les archéologues ont rarement l’occasion de travailler sur d’aussi grandes surfaces et sur une période chronologique aussi étendue. "Huit siècles, ce n’est pas rien !". De quoi étudier l’évolution des fermes au cours du temps avec beaucoup d’objets associés, permettant ainsi des analyses fines sur le statut des habitants ou encore sur leurs habitudes alimentaires. Les trouvailles réalisées constituent autant de moments fédérateurs pour l’équipe : "Cela fait plaisir à tout le monde. On sait aussi qu’avec ces beaux objets qu’on peut remettre dans leur contexte, d’où ça sort, on comprend ce qu’il y a tout autour. Sans eux, on a moins de choses à raconter. C’est alors moins riche, plus pauvre. Ici, à Douvres, c’est un vrai atout pour la fouille de trouver beaucoup d’objets" se réjouit Vincent Le Quellec. Une fois qu’ils seront tous collectés, ils vont être nettoyés, avant d’être confiés à des spécialistes qui sauront les reconnaître. Il faut compter un an et demi pour rassembler toutes ces expertises et rendre un rapport assurant la sauvegarde de la mémoire du site.
Des visites ouvertes au public
Ce chantier va donner lieu en juin à des visites ouvertes au public lors des journées européennes de l’archéologie. Elles seront complétées par une exposition comprenant la restitution d’une sépulture gauloise, ainsi que la présentation des premiers objets découverts lors de l'exploration en cours, au C3 Le Cube à Douvres-la-Délivrande. Aujourd’hui, en France, la fouille se pratique dans plusieurs cadres. L’archéologie préventive est la plus répandue, la plus développée, c’est-à-dire avant les grands travaux. A Douvres, dans le cas ici présent, à cet emplacement, -là où se trouvaient autrefois des fermes gauloises et gallo-romaines-, c’est l’extension du parc d’activités de la Fossette, qui va sortir de terre. Trente-deux lots supplémentaires. Trente-deux parcelles vouées à accueillir, vers 2027, des entreprises -artisanales, industrielles, tertiaires mais pas de zone commerciale-.