Hérouville-Saint-Clair : l'escrime pour réparer les violences sexuelles

L'escrime

Publié : 14 novembre 2022 à 16h43 par Joris Marin

Son objectif est d’informer, de former, prévenir et guérir : pour accompagner les victimes de violences sexuelles et leur permettre de se relever, l’association SVS 14 utilise, depuis quelques années, l'escrime comme thérapie à travers des ateliers, à Hérouville-Saint-Clair.

Non, ce n'est pas qu'une association de plus... SVS 14 -pour "Stop aux violences sexuelles en Calvados"-, dont l’objectif est d’informer, de former, prévenir et guérir sur le sujet des violences sexuelles, se différencie des autres dans la mesure où elle possède deux particularités. "Nous ne sommes pas une association qui regroupe des victimes mais plutôt des professionnels ou des personnes averties sur le sujet" présentent Hélène Kozaczyk, avocate au barreau de Caen en droit du dommage corporel et en droit des victimes, la co-présidente de SVS 14, et Véronique Coutance, sexologue, la trésorière de l’association. Association qui met en place des actions de formation et d’information à l’attention du grand public mais aussi et surtout de professionnels de tous domaines -santé, soin, justice, social, Education nationale...-, -confrontés à des personnes qui ont été soumises à cette problématique- dans le but de leur permettre d’acquérir les bases de la connaissance en matière de violences sexuelles. "Bien trop souvent, ces personnes sont très peu formées sur le sujet, notamment dans leur cursus initial. L’autre spécificité c’est que la fondatrice de l’association sur le plan national considère que les violences sexuelles ne constituent pas uniquement une atteinte dans l’esprit. C’est aussi une atteinte dans le corps des gens. La victime a souffert dans son corps et ce corps va parler alors que parfois la personne ne se souvient plus de ce qu’elle a vécu, avec une apparition d’un cortège de pathologies souvent de plus en plus graves et de plus en plus nombreuses. L’idée est d’être capable d’identifier au regard de ces pathologies qu’il y a peut-être quelque chose et surtout d’apporter dans le soin une prise en charge à la fois de l’atteinte psychique mais aussi de l’atteinte corporelle".

Hélène Kozaczyk :

L'escrime comme thérapie

Pour la quatrième saison, SVS 14 met en place des ateliers thérapeutiques d’escrime dans une salle d’armes à Hérouville-Saint-Clair avec pour effets constatés chez les participantes l’amélioration de l’état physique ou encore l'extériorisation des émotions. Douze participantes pour la session en cours. Elles étaient dix l’an passé. Un atelier par mois d’une durée de quatre heures pendant dix mois avec un thème différent à aborder et développer à chaque fois. Lors de chaque séance, il y a un temps de parole assez court, un échauffement, un temps d’escrime et un débriefing. "Pour en faire partie, il faut d’abord rencontrer un professionnel qui connaît bien ces ateliers, qui en général a participé à la formation de base. Il va établir un bilan pré-thérapeutique. Cette thérapie amène de grands changements. C’est un engagement personnel. Il faut venir à toutes les sessions. Un engagement financier aussi, car cela a un coût : 1 160 euros pour tous les ateliers". On parle de participantes, car pour le moment il n’y a qu’un groupe de femmes au sein de SVS 14. "Mais, dans d’autres régions, comme en Ile-de-France, des groupes d’hommes victimes sont pris en charge. Il y a même des ateliers thérapeutiques avec des auteurs de violences sexuelles qui ont subi des faits similaires quand ils étaient plus jeunes". Près d'un enfant sur cinq est victime de violences sexuelles en Europe. Dans les semaines à venir, dans le Calvados, verra le jour une prise en charge thérapeutique autour de l’escrime pour les enfants, en individuel, sur le même modèle que les groupes de femmes.

Véronique Coutance :
 Hélène Kozaczyk et Véronique Coutance, respectivement co-présidente et trésorière de SVS 14

Un atelier avec des hommes ?

SVS 14 réfléchit à développer d’autres actions. "On doit lancer prochainement des groupes de parole, des groupes de partage non-mixtes à destination des hommes et des femmes victimes de violences sexuelles. Et pourquoi pas par la suite mettre un atelier thérapeutique d’escrime avec un groupe d’hommes". L’action de SVS 14 se concentre sur le département du Calvados. Mais, elle interagit beaucoup avec la Seine-Maritime. "Dans les sessions d’escrime, on a un maître d’armes seinomarin, deux kinésithérapeutes du même département. Un médecin, un thérapeute et un coordinateur de soins font aussi partie de l’équipe encadrante. Nous avons donc en provenance de Seine-Maritime des victimes qui sont prises en charge au sein de nos ateliers. Et puis, lors de la formation de base qu’on organise deux fois par an, nous avons des participants de la Manche et de l’Orne". La dernière en date s’est déroulée à Ifs, début octobre. Deux jours entièrement gratuits suivis par soixante personnes dans le but d’élever leur seuil de connaissances pour avoir un socle commun en matière de chiffres, de mécanismes de protection, de conséquences psychotraumatiques, de parcours judiciaires... et en termes d’outils thérapeutiques afin d’avoir une solution à offrir à la personne qui va confier son vécu.

Véronique Coutance :