A Ifs : "L'Allemagne et la guerre sont liées, mais il faut passer à autre chose"

Des collégiens de Léopold Sédar Senghor à Ifs en train d'installer leur exposition

31 janvier 2023 à 17h11 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

La "journée franco-allemande" du 22 janvier permet chaque année de mieux faire connaître, dans les établissements scolaires, la culture et la langue du pays partenaire. Au collège Léopold-Sédar-Senghor de Ifs, une exposition, réalisée par des élèves, est visible pendant deux semaines, pour en savoir plus sur le quotidien outre-Rhin.

Il y a plusieurs façons d’apprendre une langue. En lisant des textes, en regardant des séries, en prenant des cours... ou en réalisant des expositions : aux portes de Caen, au collège Léopold-Sédar-Senghor, à Ifs, les vingt-huit élèves de quatrième et de troisième ayant choisi l’allemand comme LV2 -deuxième langue vivante étrangère après l’anglais- sont à l’origine de l’expo visible pendant deux semaines au sein de l'établissement. La quatrième ou la cinquième action de ce genre depuis qu’ils ont débuté l’apprentissage de la langue. Des affiches avec des textes et des photos présentant aux autres élèves, en particulier aux sixième -qui choisiront peut-être LV2 allemand à la rentrée prochaine- l’Allemagne : les sportifs, les monuments, le quotidien... Une action dans le cadre de "journée franco-allemande" du 22 janvier qui permet de mieux faire connaître la culture et la langue du pays partenaire. 2023 est l’année du 60e anniversaire du traité de l’Elysée, destiné à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale d’Allemagne.

Moins de dix élèves en classe

Parmi les élèves qui pratiquent la langue de Goethe au collège Léopold-Sédar-Senghor à Ifs, Ismaïl Koubaa et Noah Lemercier, en quatrième. Tout a commencé au début de leur cinquième. Ils étaient moins de dix élèves l’an passé en classe. 28 actuellement avec deux niveaux : des quatrième et des troisième. Ce qui permet selon eux un meilleur accompagnement, car plus individualisé vu le nombre. Les deux adolescents ne regrettent pas leur choix : "Il y a beaucoup de relations entre la France et l’Allemagne. Et là-bas, il existe de nombreuses opportunités professionnelles. Une nation très développée, notamment au niveau de l’économie" explique Ismaïl pour qui exercer un métier plus tard à Munich, Berlin ou encore Hambourg est une option. Noah renchérit : "Si je devais éduquer des enfants, je choisirais l’Allemagne, car je préfère son système éducatif au nôtre où les emplois du temps sont moins chargés et plus adaptés aux jeunes avec une matinée jusqu’à 14 heures consacrée aux cours alors que l’après-midi est réservé principalement aux activités sportives"

Une partie de l'exposition visible au collège Léopold Sédar Senghor de Ifs
Ismaïl Koubaa et Noah Lemercier :

Elle doit enseigner dans trois écoles

Gabriela Compelova est professeure d’allemand depuis une dizaine d’années. On peut dire qu’elle va à la rencontre de ses élèves et non l’inverse... Car elle enseigne non pas dans une seule, mais dans... trois écoles. La faute au nombre peu important d’élèves parlant allemand dans la région. La trentenaire travaille à Ifs -28 élèves avec deux niveaux mélangés, en quatrième et troisième- mais aussi à Bretteville-sur-Laize -28 élèves en 5e, 17 en 4e, 7 en 3e et Potigny -7 élèves en 6e, 15 en 4e, pareil en 5e-. Cela varie selon les années. La pratique de cette langue est-elle en danger ? "Oui" se désole Gabriela Compelova : "Les élèves ont peur de choisir l'allemand, ils ont peur que son apprentissage soit difficile. Alors qu'en travaillant régulièrement, en apprenant, ça vient tout seul. Et puis, on parle toujours de la guerre, c'est ce que les élèves disent, c'est toujours lié même après des dizaines d'années. Mais c'est passé !". Une langue parlée dans plusieurs pays : l'Autriche, la Suisse ou encore le Luxembourg.

Un manuel franco-allemand
Gabriela Compelova :

De moins en moins d'apprenants en Normandie

Dans l’académie de Normandie, à la rentrée scolaire de 2012, un peu plus de 43 500 collégiens et lycéens apprenaient l’allemand à l’école. La barre des 45 000 a été dépassée en 2017. Mais depuis, cela ne fait que reculer. Moins de 41 000 en 2020, 39 000 l’année suivante, un peu plus de 36 000 en 2022, soit 12,7% du nombre total d’élèves. L'académie de Normandie met en place de nombreuses actions pour tenter d'inverser cette tendance. Elle accentue dès que possible la présence de la culture de langue allemande au sein du premier degré, à travers notamment le dispositif "Mobiklasse" pour une présentation dynamique visant à éclairer le choix de la LV2. Elle fait aussi connaître le parcours du germaniste et les opportunités éducatives qu'il représente en proposant par exemple des séjours de courte durée permettant aux élèves une immersion au sein du milieu scolaire et la participation au quotidien à la vie de famille.

Le reportage de Joris Marin :