La centrale de Saint-Laurent sommée de renforcer sa sûreté
12 janvier 2022 à 11h34 par Nicolas Terrien
En 2021, le site de production d’électricité a adressé neuf déclarations d’incident à l’Autorité de sûreté nucléaire. Un plan de renforcement de la sûreté est mis en place. Explications.
Nicolas André ne s’en cache pas : "En 2021, nous n’avons pas atteint nos objectifs de sûreté". Le dernier événement en date remonte au 31 décembre au matin. La panne d’un composant sur l’unité de production numéro 1 a entraîné son arrêt automatique et par voie de conséquence, l’arrêt de l’alimentation du réseau d’électricité. "En tant qu’exploitant, cette situation n’est pas satisfaisante" explique le directeur de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, d’autant que les opérations de maintenance en cours sur de nombreux réacteurs en France entraînent une importante baisse de production en plein hiver.
Saint-Laurent épinglé par l’ASN
Le premier semestre 2021 avait déjà été émaillé d’incidents de différentes natures, comme un arrêt fin mai après la découverte d’une vanne fermée alors qu’elle devait être ouverte, et un autre en juillet, lorsque la réfrigération de la piscine a été stoppée durant une quarantaine de minutes. Si on ajoute à cela un défaut de conformité sur une tuyauterie et un salarié repéré en dépassement des normes de radioprotection, le premier semestre aura été agité pour la centrale loir-et-chérienne. Jusqu’à se faire taper sur les doigts par l’ASN qui expliquait en août que ces avaries étaient dues "à un manque de rigueur de l’exploitant", et non au vieillissement des installations.
Déployer la culture sûreté
La réponse a dû être rapide. "Dès septembre, nous avons engagé un plan de renforcement de la sûreté que nous avons présenté à l’ASN et la Commission locale d’information" expose Nicolas André. Il s’applique à plusieurs services sommés de mieux renseigner et anticiper leurs interventions. Le directeur indique aussi développer la "culture sûreté" auprès des agents, en l’admettant : "C’est vrai, ces arrêts auraient pu être évités si nous avions bénéficié de meilleurs retours d’expériences" tant en interne que de la part des autres sites du parc nucléaire national. Quant à la gravité des avaries sur ce type d’installations, elle se mesure une échelle INES graduée de 0 à 7 -le dernier échelon étant une catastrophe genre Tchernobyl ou Fukushima-. "Sur ces neuf déclarations auprès de l’ASN, nous étions entre 0 et 1", relativise Nicolas André.