Le coup de grâce pour le projet des Pommereaux ? On pourrait être tenté de le croire, quelques jours seulement après la décision du tribunal administratif d’Orléans d’invalider la partie du PLUI -Plan local d'urbanisme- du Grand-Chambord précisément consacrée à l’installation d’un golf, d’un hôtel et de plus de 500 logements sur 400 hectares de terres agricoles ou boisées. Ce jeudi 16 février, le préfet de Loir-et-Cher a pris "un arrêté refusant la partie environnementale" de ce dossier de plus de 2 000 pages. "C’est une décision personnelle, et je l’assume" expose François Pesneau, en s’appuyant sur plusieurs insuffisances et faiblesses relatives à des questions de droit souvent très techniques, mais qui révèlent peut-être l’anachronisme de ce type de projet en 2023... Et dans la perspective de la loi "Climat et résilience" qui exigera à terme zéro artificialisation des sols.

Des compensations insuffisantes

Outre la question urbanistique du PLUI, le porteur de projet se heurte à des manques sur le volet environnemental, du moins vu des services de l’Etat. "On y observe des destructions d’habitat de certaines espèces d’insectes, de chauves-souris et d’oiseaux" relève François Pesneau qui ne se satisfait pas de la réponse du "déménagement naturel" de la faune apportée par le promoteur, une fois les arbres coupés -soit 43 hectares de bois au total-... "Selon l’article L 411-2 du code de l’environnement, il faut justifier d’une raison impérative et d’intérêt public majeur" pour opérer ce "déplacement". Le préfet n’y voit rien de majeur, et un intérêt plutôt privé. L’arrêté relève aussi des manquements en termes de compensation des zones humides détruites. Le dossier prévoit un remplacement de "un et demi pour un" au lieu de "deux pour un", arguant de zones non-fonctionnelles parce que drainées.

Usage des ressources et financements incertains

Les services d’instruction de l’Etat mettent aussi en avant plusieurs  imprécisions, notamment sur la consommation d’eau estimée : à lui seul, le golf en utiliserait 140 000 mètres cubes, mais aucune projection n’est avancée pour le bâti, principalement les 500 logements dont l’emprise foncière pourrait dépasser les 50 hectares. Déjà, le promoteur a fait parvenir des modifications à son projet, en annulant toute construction de villas sur la commune de Saint-Laurent-Nouan, ainsi que sur une parcelle sur La Ferté-Saint-Cyr, ramenant à 400 le nombre final de logements. Enfin, un flou semble encore flotter au-dessus du financement global de ce vaste complexe. "Il n'y a que peu d’assurances financières dans ce projet, notamment pour la mise en œuvre des mesures de compensation environnementale" pointe François Pesneau, qui dit ne devoir aujourd’hui se contenter "que de déclarations d’intention", avec les participations "d’investisseurs étrangers".