Commerces : entre "nouveaux essentiels " et "toujours pas essentiels"

SWEET FM
La boutique de Nicolas Planchet fait partie des nouveaux commerces essentiels
Crédit : Nicolas Terrien

2 avril 2021 à 17h01 par Nicolas Terrien

Depuis ces deux derniers jours, il règne comme un climat de fatalité dans les rues commerçantes de Blois. Même si certains magasins fermés en novembre 2020 pourront rester ouverts. Une bonne nouvelle pour autant ?

"Evidemment, je suis satisfait pour mon commerce" : au lendemain des annonces présidentielles, Marc-Olivier Amblard éprouve un certain soulagement derrière les piles de livres de sa librairie "Le Bibliovore" sur la place Ave-Maria. On s’en souvient, le reconfinement de novembre avait été marqué par la fronde du monde du livre, dont le caractère d’essentialité a suscité de très vifs débats. Le libraire blésois n’en garde pas un très bon souvenir. "C’était très difficile. C’était deux fois plus de travail pour trois fois moins de chiffre d’affaire"... Mais quatre mois plus tard, le résultat est là : voici que les livres rejoignent la liste des biens essentiels. "En fait, ce sont mes clients qui me rassurent" explique Marc-Olivier Amblard. "Mais je conçois aussi les difficultés pour les commerces fermés et le dynamisme du centre-ville".

Reportage dans le centre-ville de Blois

La crainte du "game over" en termes de rentabilité

Des inquiétudes partagées quelques dizaines de mètres plus loin par un autre "nouvel essentiel" : il s’agit de Nicolas Planchet, gérant du magasin "Game Cash" dans la rue des Trois-Clés. En effet, au même titre que les livres, les jeux vidéo sont reconnus comme étant des biens essentiels dans cette nomenclature gouvernementale 2021. "Je suis content de pouvoir ouvrir, mais nous risquons de nous retrouver dans un centre-ville sans clients puisque la plupart des boutiques seront fermées" explique le commerçant. Pire : la rentabilité risque de ne pas être au rendez-vous. "C’est malheureux à dire, mais il vaudrait mieux rester fermé et percevoir les aides d’Etat qui couvrent les dépenses que d’ouvrir et de perdre de l’argent".

Les commerçants restant ouverts craignent que l'attractivité du centre-ville soit de nouveau altérée © Nicolas Terrien

Sentiment d‘injustice "sur mesure" pour le prêt à porter

Un peu plus loin, c’est une célèbre enseigne de vêtements qui s’apprête à baisser le rideau, au moins pour les quatre semaines à venir. "Je me disais qu’ils n’allaient pas encore nous faire ça pour la troisième fois" s’agace Daniel, le gérant, occupé ces dernières heures à refaire les plannings de ses quatre salariés en plein inventaire. "Tout le monde peut sortir vivre sa vie et tout le monde est ouvert" s’insurge-t-il. "Nous, nous sommes condamnés à fermer et à attendre !". Un an après le premier confinement, les magasins "non-essentiels" sont toujours dans l’espoir d’une sortie de crise que l’on n'ose plus espérer rapide. "Nous nous interrogeons sur notre avenir, surtout avec la concurrence d’internet" poursuit Daniel, un brin fataliste. "Mais que peut-on faire pour rester ouverts ?"

Daniel