L’intelligence artificielle au service des médicaments anticancéreux
31 mai 2018 à 16h05 par Nicolas Terrien
Le centre hospitalier de Blois vient de se doter d'un équipement innovant : outre le renouvellement des isolateurs du service de pharmacie hospitalière, le logiciel "Drugcam" sécurise considérablement le processus de préparation des chimiothérapies.
Selon des chiffres de l’ARS de 2015, le Loir-et-Cher a un taux de mortalité prématurée due aux cancers de 239 pour 100 000 habitants, soit au-dessus de la moyenne nationale (237). A eux-seuls, les cancers représentent 28% des décès prématurés (outre les accidents, les suicides...). "Nous devons agir contre cette situation, et l’organisation de notre système de santé l’inclut dans ses priorités" expose Olivier Servaire-Laurenzet, le directeur du centre hospitalier de Blois. Pour ce faire, l’établissement dispose d’un plateau technique, de blocs opératoires pour la chirurgie des cancers (urologie, ORL, gynécologie, appareil digestif), d’un hôpital de jour pour l’accueil en chimiothérapie, d’une médecine d’hébergement et d’un accompagnement en soins palliatifs.
"Drugcam", le 3e œil du préparateur en pharmacie hospitalière
L'hôpital blésois vient d’investir 428 000 euros dans l’installation de deux isolateurs (un "cytotoxiques" et un "anticorps monoclonaux") disposant chacun de deux postes de travail, et surtout de "Drugcam", un système de contrôle vidéo en temps réel. "Chaque étape de la préparation d’un traitement anticancéreux effectuée par la manipulateur doit être validée, et s’il y a un problème, il est automatiquement identifié" explique Philippe Breton, le pharmacien référent du secteur. L’objectif étant de se rapprocher du zéro risque d’erreur : "Il s’agit de donner la bonne dose du bon médicament au bon patient et au bon moment". Tout simplement !
Une garantie de sécurité
C’est l’avantage non négligeable qu’offre cette technologie innovante faisant appel à l’intelligence artificielle, évidemment pour les patients, mais aussi pour les professionnels de santé : "C’est vrai que c’est très rassurant pour les infirmières aussi, car ce sont des médicaments cytotoxiques qui ne sont pas anodins" relève Vadim Tchersky, cadre de santé à l’hôpital de jour, et principal "client" de la pharmacie hospitalière. Cette dernière se trouve désormais en mesure d’assurer une production quasi industrielle de traitements anticancéreux en moins d’une heure -"32 minutes" assure même Philippe Breton- de la prescription à l’injection au patient. Avant, il fallait plusieurs heures pour préparer chacune des 11 000 compositions réalisées chaque année, soit 45 par jour !
"Le plus bel outil de la région"
Selon le directeur de l’hôpital, ce n'est rien de moins que "le plus bel outil de la région". Et pour Olivier Servaire-Laurenzet, "c’est un élément de plateau technique de rang universitaire" qui sera sûrement un élément d’attractivité pour les jeunes professionnels et un plus indéniable pour le secteur pharmacie désireux d’obtenir la certification ISO 9001. Dans ses investissements, le centre hospitalier envisage aussi d’acquérir la technologie "Pet scan", une technique de traitement des cancers par rayonnements aux visées curatives, mais aussi de diagnostics : "Nous l’espérons en 2020".