Procès de l’abbé de Guibert : pour l’avocat de la défense, c’est "relaxe Max"

Une plaidoirie en forme de stand-up. Pour qualifier Stefan Squillaci, avocat de la défense au procès de l’abbé Max de Guibert, l’utilisation de l’adjectif "truculent" n’est pas galvaudée. "J’ai fait du théâtre pendant quelques années", confiait le ténor du barreau de Lille lors de la première journée d’audience. Effectivement, tandis que les salles de spectacles sont toujours fermées au public, les trois juges du tribunal correctionnel du Mans ont sans doute eu parfois l’impression d’assister à une véritable représentation. En scène pendant près de deux heures, "l’Italien" comme il aime se surnommer, a multiplié les digressions sur sa vie personnelle, évoquant tantôt des anecdotes sur son père, sa mère, sa fille, mais aussi les gargouillements de son estomac : "je pourrais avaler un bœuf" dit-il alors que l’heure du dîner a sonné depuis longtemps.

L’experte psychologue en prend pour son grade

Quand il parle de l’affaire en revanche, maître Squillaci ne plaisante plus. L’ancien associé d’Éric Dupond-Moretti, également parrain de la fille de l’actuel ministre de la Justice, fait pleuvoir les coups. Le gendarme de Bonnétable qui a mené l’enquête "avait envie de se faire un curé". L’experte psychologue qui a conclu que Max de Guibert était un pédophile "une charlatan" surnommée "Madame la ministre de la Santé à pétasse land". Il se risque même à une blague douteuse à son sujet : "Vous connaissez la différence entre un train et madame Heurtevent ? Quand un train déraille, au moins il s’arrête". Tour à tour, le pénaliste va prendre pour cible le procureur, les plaignants, la juge d’instruction ou encore la presse. Max de Guibert doit être jugé "comme un homme et non comme un prêtre présumé pédophile" exhorte Me Squillaci, osant dans la foulée faire référence à l’affaire d’Outreau.

L’absence de preuve matérielle

Pour appuyer sa demande de relaxe totale et non partielle comme l’a requis quelques minutes auparavant le procureur de la République, Me Squillaci souhaite attirer l’attention des juges sur certains aspects du dossier d’accusation qu’il considère comme des failles : "Il n’y a aucun élément matériel, même pas une photo. Plus de 2 000 témoins entendus et pas un seul n’accable le prêtre. Deux relaxes, ce n’est pas assez. Quatre ans de prison, c’est n’importe quoi !" s'indigne le tempétueux défenseur du curé sarthois. "Il mérite de donner la messe, c’est un homme hors norme. Il fait des colonies de vacances pour les handicapés. Il est génial ce type, c’est un saint !" déclame Stefan Squillaci dans un nouvel effet de manche. Avant de conclure sa plaidoirie, non sans une certaine fierté, par un jeu de mot dont lui seul semble avoir le secret "Relaxe Max, RELAX Max !".

Entre les audiences, le fantasque avocat lillois prend la pause devant le tribunal © Jonathan Lateur