Sarthe : "Repasser à 90 km/h va accentuer le nombre de tués"
10 octobre 2019 à 8h28 par Jonathan Lateur
En attendant la publication du décret permettant aux exécutifs locaux de déroger à la règle des 80 km/h, la Ligue contre la violence routière de la Sarthe s'inquiète des conséquences de ce possible retour en arrière et redoute surtout une hausse du nombre de morts.
Alors que le décret d’application national précisant les modalités du retour à 90 km/h sur les routes secondaires se fait attendre, la Ligue contre la violence routière de la Sarthe monte au créneau pour dénoncer les conséquences de ce possible assouplissement voulu par l’exécutif local : "Nous avons analysé l’accidentalité hors réseau autoroutier pendant cinq ans. Il apparaît que les itinéraires que le Conseil départemental propose de repasser à 90 sont ceux où il y a le plus de morts et de blessés graves. Les 15 voies les plus circulées concentrent plus de 50% des tués" souligne Patrick Rogeron, son président.
Plusieurs actions envisagées
Si malgré cette mise en garde, le Conseil départemental maintient sa volonté d’augmenter la limitation de vitesse à 90 km/h sur près de 400 kilomètres du réseau routier local, la Ligue contre la violence routière promet de ne pas rester les bras croisés : "D’abord, nous étudierons la possibilité de contester la décision prise par les élus devant le tribunal administratif de Nantes. Puis, si la mesure devait s’appliquer, nous inciterons les familles de victimes à déposer une plainte pénale, si l’on peut prouver que le passage à 90 a provoqué l’accident ou accentué les blessures ou le décès" prévient Patrick Rogeron.
Une mesure efficace "jusqu’à l’arrivée des gilets jaunes"
Jugé peu efficace par ses détracteurs, l’abaissement de la vitesse sur les routes secondaires aurait pourtant permis d’épargner 116 vies en 2018 selon des chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur. Et si les mois suivants, l’impact a été moins significatif, Patrick Rogeron a son explication : "En décembre, quand les gilets jaunes ont commencé à s’attaquer aux radars, la courbe s’est infléchie. Certains les surnomment les boîtes à fric, moi j’appelle ça des boîtes à vie. Grâce aux radars fixes et autres mesures prises, on est quand même passé en quelques années de 17 000 à moins de 4 000 morts par an sur les routes" conclut l’intéressé.