Calvados : sa maison, c'est son camping-car
3 mai 2022 à 15h14 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM
Le printemps est là, les beaux jours aussi. Période à partir de laquelle les camping-cars sont nombreux sur les routes. Rencontre avec un Normand, qui vit dans un véhicule de loisirs, toute l’année.
Non, il n’est pas en vacances toute l’année. N'empêche, Ghislain Matéo vit du 1er janvier au 31 décembre à bord de son camping-car. Un modèle de 2006 affichant un peu moins de 90 000 kilomètres qui connaît bien la route pour aller à Thury-Harcourt -Ghislain s'y rend chaque semaine dans le cadre d'un remplacement au sein d'un cabinet d'étiopathie. Le Falaisien d'origine, qui a bientôt terminé ses études, est également amené à travailler parfois dans le Finistère-. Si cette maison sur roues convient parfaitement aux contraintes professionnelles du moment de ce garçon de 28 ans, c'est pour une toute autre raison qu'il a rendu les clés de son appartement, il y a quatre ans : "Les études sont longues, difficiles et coûteuses. Avant la rentrée de septembre 2018, je me suis décidé à trouver une solution me permettant de me déplacer facilement un peu partout en France pour découvrir de nouveaux territoires et voir mes amis, tout en évitant de payer un loyer dans la ville dans laquelle j'étais en cours, à savoir Rennes. J'ai donc décidé d'expérimenter pendant trois mois la vie de nomade avant de retourner, en théorie, à la vie dite classique". Les 1 000 euros qu'il a économisés pour la partie loyer, il les a donc dépensés pour faire l'acquisition d'un camion aménagé.
A l'intérieur du camion aménagé, un matelas, des placards et c'est tout. "Il a fallu que je me débrouille avec des collègues d'études pour aller prendre une douche chez l'un, pour profiter des toilettes de l'autre. Une vie de bohème et de galères que je n'avais pas encore connues, je voulais vivre cette vie, je l'ai vécue à fond pendant deux ans. Ce n'était pas évident de travailler à bord de cet espace de quatre mètres carrés. Et au printemps 2020, lorsque les premières restrictions ont été imposées dans le cadre de la lutte contre le Covid, je vivais dedans. Une période pas évidente pour moi. Ce qui a sonné le glas de ce mode de vie. Je ne voulais plus entendre parler de ce camion" se souvient Ghislain Matéo, qui a donc vendu sa première maison sur roues... pour en acquérir une autre. Loin des plans initiaux. "Des fois, le temporaire continue sur la durée. Et vu que le côté financier ne s'était pas forcément amélioré, en plus du fait que ce mode de vie me correspondait, j'ai poursuivi ma vie de nomade". Mais changement de gamme : d'un camion aménagé, le handballeur amateur est devenu le propriétaire d'un camping-car d'une valeur de 20 000 euros équipé d'un espace cuisine, d'un lit et de sanitaires.
Progression de la demande lors de la période post-Covid
A quand un retour dans un appartement ou dans une maison pour ce futur étiopathe ? Bientôt ? Jamais ? "Tous les cas de figure sont possibles. Rien n'est fixé. La seule chose que je pense ne pas faire c'est avoir un cabinet mobile. Non, j'aimerais m'installer dans un local qui ne bouge pas et m'intégrer à la vie locale. Le local possédera certainement un logement. Mais, je compte faire encore une à deux années de remplacement avant peut-être de me lancer à mon compte. De toute façon, je pense conserver mon véhicule, notamment pour partir en week-end". Sylvain Jacqueline est le directeur général de l'entreprise familiale du même nom, concessionnaire de véhicules de loisirs en Bretagne et en Normandie, notamment à Caen, Evreux et Rouen. Si on en croit ses propos, les affaires vont bien. "Nous sommes portés par le marché du véhicule de loisirs -il regroupe plein de domaines et sous-domaines : la caravane, le camping-car, le fourgon aménagé et le van- depuis une vingtaine d'années. Le passage aux 35 heures y est pour beaucoup". Une croissance ralentie brutalement par le coronavirus. Seulement temporairement. "Lors de la période post-Covid, la demande a progressé entre 20 et 25%. Les consommateurs ont découvert le véhicule de loisirs, un moyen leur permettant de sillonner la France alors qu'ils ne pouvaient plus ou presque plus partir à l'étranger". Comme le confie Sylvain Jacqueline, une partie infime de la clientèle décide de se séparer d'un logement permanent et de devenir propriétaire d'un véhicule de loisirs pour en faire sa résidence principale.
Nouvelle tendance à la suite de la crise sanitaire
Les loisirs coûtent de l'argent. En ce qui concerne le camping-car, le budget commence aux alentours de 45 000 euros. "Et on peut aller dans des sommes non limitées. Mais, au-delà du tarif, j'attire l'attention sur le fait que ce véhicule n'est pas seulement un prix. C'est souvent un budget mensuel loisirs. Au lieu de raisonner sur un 40 000, 50 000, 80 000 euros -ce qui peut faire peur-, ce que l'on fait avec les clients, c'est de bâtir des plans de financement leur permettant de pouvoir partir en vacances tout au long de l'année tout en déboursant 400, 500 ou 600 euros par mois". De plus en plus de personnes choisissent de s'offrir une maison sur roues. L'électrochoc ? Le Covid. "Le consommateur veut profiter de la vie alors que la maladie peut arriver du jour au lendemain. C'est un phénomène très marqué depuis 2020".