Loir-et-Cher : faut-il prendre le train des RER ?
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Modifié : 24 juin 2025 à 17h09 par Bastien Bougeard
A Tours comme à Orléans, on planche depuis deux ans sur le concept de "Service express régional métropolitain". Ces "Serm", avatars du fameux "RER" francilien, pourraient traverser le Loir-et-Cher et certains y voient une belle opportunité quand d’autres pointent un projet mal pensé.
C’était une ambition clamée par Emmanuel Macron en novembre 2022 : "Développer dans dix grandes agglomérations des réseaux de RER". Trois ans plus tard, les projets avancent, comme en Centre-Val-de-Loire où une concertation publique a été lancée pour le "Service express régional métropolitain" de Touraine. Les promesses : un train toutes les heures entre Tours et Blois ainsi qu’une liaison similaire entre Vendôme et la capitale de l’Indre-et-Loire. Pour la deuxième cité, on passerait à... 35 trains par jour, de 6 à 23h, contre six actuellement. Au-delà d'une desserte ferroviaire presque multipliée par six, les documents de la concertation évoquent aussi une offre de transport en car enrichie : la commune d’Herbault serait par exemple reliée au chef-lieu de la Touraine par douze liaisons quotidiennes, à raison d’une par heure, contre actuellement... aucune.
Une aubaine pour les habitants et les entreprises ?
Sur le papier, cette promesse peut susciter l’enthousiasme : "Actuellement, les horaires ne sont pas adaptés, donc des trains plus fréquents aux heures de pointe, ce serait une excellente nouvelle !" réagit Josué, enseignant à Blois qui fait la navette chaque jour avec Tours. Pour certains élus, c’est même une aubaine : "Très bonne nouvelle pour nos habitants qui travaillent à Tours et qui vivent à Vendôme et inversement. Nous avons deux gares concernées, celle de Vendôme et de Saint-Amand-Longpré. Quand il existe une offre ferroviaire aussi conséquente que celle proposée par les Serm, ça ouvre des perspectives de développement pour les communes où se trouvent les gares en question, mais aussi pour les entreprises du secteur" analyse Nicolas Haslé, vice-président de la communauté d’agglomération Territoire Vendômois, qui pointe aussi la présence de nombreux Vendômois étudiant à Tours et qui avec ce projet pourraient économiser la location d’un logement là-bas.
Des projets trop pensés pour Orléans et Tours ?
À Blois, on est concerné par les deux projets de "RER métropolitain", mais on craint de rester à quai. "Ces projets sont trop centrés sur Tours et Orléans" tacle Christophe Degruelle, le président d’Agglopolys : "Nous avons mené des études et nous voyons que les flux de voyageurs depuis Blois se font essentiellement vers le Vendômois ou Chambord. Au regard de la manière dont ces projets sont pensés, je crains que Blois ne se retrouve en queue de réseau des projets orléanais et tourangeaux et que nous soyons perdants dans cette histoire. Il aurait fallu faire un projet de Serm régional et en particulier ligérien, car la dynamique de notre région se situe sur cet axe Tours - Amboise - Blois - Beaugency - Orléans". D'autres remarques sur un projet trop centré sur les métropoles ont d’ailleurs été déposées sur le site de concertation du Serm de Touraine.
Beaucoup de questions en suspens
D’autant que ces projets coûteront cher : 600 à 900 millions d'euros. Des initiatives moins onéreuses que d’autres, nous souffle une source, car elles s’appuient sur des infrastructures existantes, en l’occurrence, les étoiles ferroviaires d’Orléans et Tours : "Au regard de l’état des finances du pays, nous nous demandons comment le projet va être soutenu sur ce plan-là, d’autant que le Premier ministre doit faire 40 milliards d’euros d’économies supplémentaires pour 2026. Pour l’instant, je crains que ce projet ne reste qu’un Serm de papier" tempère Christophe Degruelle. Du côté de Territoire Vendômois, on salue déjà une augmentation à venir du nombre de trains sur la ligne en 2026 avec l'ajout de deux dessertes : "Ça va s’amplifier au fur et à mesure, mais ce projet a des effets palpables à court terme" s'enthousiasme Nicolas Haslé. Pour autant, de nombreuses questions restent en suspens notamment le nombre de conducteurs ou encore de trains et de cars suffisant pour assurer toutes ces liaisons, mais aussi celle du début de service, aucune date de démarrage n’a été communiquée pour les RER Tourangeaux et Orléanais.