Fraude aux prestations sociales : "Aller chercher l’argent chez les délinquants qui pillent nos systèmes"

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Crédit : Adobe Stock

9 septembre 2020 à 16h49 par Corentin Allain

Un milliard d'euros... Voilà le montant estimé de la fraude sociale en France, si l'on en croit ce rapport qui vient d'être remis par une commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Un chiffre qui aurait même doublé en trois ans, et qui serait encore loin de la réalité, d'après Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l'Orne et à l'origine d'un texte similaire publié en octobre dernier.

La fraude aux prestations sociales, véritable fléau selon un rapport remis cette semaine par les députés membres d’une commission d’enquête dédiée au sujet. Elle coûterait un milliard d’euros par an. "Et ça encore, c’est la fraude détectée, mais il y a tout une partie qui ne l’est pas" estime Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne, qui avait rédigé un texte similaire en octobre 2019, sans pouvoir pousser les investigations assez loin, faute de leviers législatifs nécessaires.

Opposer fraude sociale et fraude fiscale ? "Simpliste et complétement idiot"

Ce rapport de la commission fixe le montant de la fraude à environ 8 000 euros par an et personne. "Si l’on fait le calcul, on tombe sur des sommes complètement astronomiques, mais le montant n’a pas d’importance. Ce qui est grave, c’est qu’il s’agit d’argent pris au contribuable, qui ne va pas aux hôpitaux, aux infirmières, au système de soins..." poursuit l’élue ornaise. Cela coûte, certes, moins cher à la France que l’évasion fiscale, mais tout de même. D’ailleurs, ce genre de comparaison n’a pas lieu d’être selon Nathalie Goulet : "La fraude sociale, ce n’est pas une "fraude de pauvre". Ce n’est pas une fraude qu'il faut opposer à la fraude fiscale, c’est simpliste et complètement idiot de dire cela, puisque les deux sont des ruptures du pacte social".

"On nous a accusés d’avoir fait le jeu du Rassemblement National"

La parlementaire voit aussi dans ce rapport une occasion de briser les tabous sur certains mots, et dénonce une forme d’angélisme. "Quand vous avez des gens qui ont bossé toute leur vie et qui ont touchent 700 euros de retraite agricole et que pendant ce temps-là, vous avez des délinquants qui pillent nos systèmes, il faut d’abord aller chercher l’argent dans les poches des fraudeurs, c’est normal", estime Nathalie Goulet, y voyant une revanche sur les critiques reçues en octobres dernier : "On nous a accusés d’avoir fait le jeu du Rassemblement National parce qu’on aurait stigmatisé les étrangers ! Finalement les gens se rendent compte qu’on avait raison trop tôt...".

Nathalie Goulet