Prix Nobel de littérature : Annie Ernaux, une œuvre intime

Les réactions se multiplient depuis le début de ce mois d’octobre, suite à l’annonce de l’attribution du prix Nobel de littérature à Annie Ernaux. Après avoir grandi à Yvetot et étudié à Rouen, cette professeur de lettres à l’université de Cergy-Pontoise a publié une vingtaine d’ouvrages, tous de l’ordre de l’intime et qui ont pu faire écho à la vie de ses lecteurs. "Le premier livre que j’ai lu et c’est celui que je préfère, c’est "La Place", qui évoque son papa, donc quand on le lit, on pense au notre et on pense aussi à nos enfants quand on est devenu papa. Et puis elle évoque aussi le transfuge de classe, c’est-à-dire le fait de basculer d’un milieu populaire à un milieu plus aisé et tout ce qui se passe psychologiquement à ce moment-là" souligne Fabrice Lepareux, critique littéraire dans le pays de Caux.

Une figure féministe

"Elle évoque aussi l’avortement dans un roman très connu qui s’appelle "L’évènement", qui a été adapté récemment au cinéma, et le rôle de la femme dans "La femme gelée" qui est peut-être le plus grand roman féministe des cinquante dernières années sur la condition de la femme aujourd’hui. Elle a aussi été précurseure dans le mouvement "#MeToo" puisqu’elle évoquait dans ses romans plus anciens des comportements déplacés de la part de certains hommes. Elle aborde vraiment tout un tas de sujets très différents en parlant d’elle finalement" ajoute celui qui partage ses lectures sur le compte Instagram "Fabrice Del Dongo".

Une œuvre accessible

L’univers d’Annie Ernaux, qui a reçu en 2019 la médaille de la ville d’Yvetot, est "accessible" au plus grand nombre, dans la "langue" et dans le "style", et notamment à travers "Les années". "C’est celui que je citerais en premier. Sorti en 2008, il évoque toute une mémoire collective des trente glorieuses à travers ses souvenirs à elle. C’est le livre qui je crois à le plus plu au public de manière large. Et pour les lecteurs adeptes des passions amoureuses, je peux leur conseiller "Passion simple" qui a aussi été adapté au cinéma. Elle aborde également la maladie d’Alzheimer, puisque sa maman en a été victime, dans "Une femme", que j’aime beaucoup". Et preuve que ce Nobel de littérature a suscité un vaste engouement dans les librairies, les éditions Gallimard ont annoncé le lancement de 900 000 réimpressions des livres d'Annie Ernaux.