La relève assurée dans la plus ancienne lutherie de Rouen

Rouen : relève assurée dans la plus ancienne lutherie

Modifié : 5 mars 2025 à 21h55 par Julien Dubois / crédit photo : Sweet FM

La plus ancienne lutherie de Rouen, véritable institution du centre historique, vient de changer de propriétaire. A seulement 25 ans, Manon Bard succède à Jean-Marc Sarhan, qui occupait l'atelier de la place du Lieutenant-Aubert depuis 1982. Assistante du luthier pendant deux ans, elle joue désormais seule sa partition, après avoir mené quelques travaux d'entretien et d'aménagement.

Jean-Marc Sarhan a pris sa retraite fin janvier après plus de quatre décennies d'activité. Et c'est celle qui l'assistait depuis 2023 dans l'atelier de la place du Lieutenant-Aubert qui prend la relève : Manon Bard, âgée de 25 ans et originaire de région parisienne. La nouvelle gérante a rouvert le lieu courant février après avoir mené quelques travaux, tout en préservant le cachet de ce lieu situé dans une vieille maison à colombages, aux poutres apparentes et à l'odeur bien caractéristique. "C'était plus des travaux d'entretien qu'autre chose. On a aménagé un tout petit peu différemment, on a organisé des rangements supplémentaires, mais sinon on a gardé l'esprit du lieu, c'était important" assure la jeune femme.

Elève de la seule école de lutherie en France

Violoniste durant son enfance et rêvant de devenir cheffe d'orchestre, Manon Bard s'est finalement tournée vers une filière plus manuelle, en intégrant la seule école de lutherie de France, située dans les Vosges, à Mirecourt. Lieu où elle a rencontré Jean-Marc Sarhan, point de départ de son aventure dans la profession : "Je ne m'attendais pas forcément à le faire aussi tôt, mais l'opportunité s'est présentée et puis je ne suis pas la seule, on est plusieurs élèves de l'école à reprendre des ateliers de luthiers partant à la retraite, et je trouve que c'est un super projet".

Rouen : relève assurée dans la plus ancienne lutherie

Manuel et relationnel

Manon bichonne et répare, comme son prédécesseur, les instruments à cordes frottées, en l'occurrence les violons, alto, violoncelles et contrebasses. Autre corde à son arc, tout aussi importante, le contact avec les clients : "Accueillir les gens, les conseiller, répondre à leurs questions. Il y a aussi un côté didactique, de parler des instruments, expliquer les différences, montrer ce qu'on fait. C'est vraiment un métier de relation" souligne-t-elle.

Une clientèle qui se montre fidèle

La clientèle justement, semble ravie que cet atelier reste ouvert et permette à de nouvelles générations de musiciens de profiter de l'expertise de Manon. "Comme je connaissais Monsieur Sarhan et que je sais que c'était son assistante, je lui fais confiance et je préfère revenir dans le même magasin" confie Otile, venue se procurer des cordes pour son violon. Claire, elle, est là pour un problème avec l'une des chevilles de son instrument : "J'ai toujours du mal à la tourner. A chaque fois, elle se dévisse toute seule et je galère à l'accorder. C'est sympa que ce soit repris par une jeune". Autre changement : l'atelier se nomme désormais "Les violons du Robec" en référence à la rue adjacente et au cours d'eau qui y coulait, jadis.