Saint-Saturnin-du-Limet : L214 porte plainte contre LDC pour "mauvais traitement"

Photo L214

19 novembre 2021 à 11h12 par Emilien Borderie et Manon Foucault / crédit photo : association L214

S’appuyant sur de nouvelles images choc réalisées derrière les murs d’un élevage industriel de poulets en sud Mayenne, l’association L214 annonce qu’elle porte plainte contre le groupe LDC.

"Nous portons plainte pour mauvais traitement auprès du procureur de Laval contre l’EARL, l’exploitant, le vétérinaire, le technicien de l’élevage ainsi que le groupe LDC qui cautionne cette infraction" indiquent les militants de l’association L214 dans un communiqué adressé aux rédactions ce jeudi 18 novembre. Dans le viseur des défenseurs de la cause animale, qui révèlent au grand public des images tournées clandestinement : un gigantesque élevage de poulets implanté dans la campagne mayennaise, à Saint-Saturnin-du-Limet, où plus de deux millions de spécimens grandissent chaque année dans huit bâtiments. La production est ensuite estampillée "Le Gaulois", marque commercialisée par le numéro un français de la volaille, dont le siège se trouve à quelques kilomètres, à Sablé-sur-Sarthe.

Un effrayant "canon à poulets"

"Les images montrent des animaux en piteux état, d'autres atteints de stéréotypie potentiellement due à un dysfonctionnement cérébral, d'autres encore mourants. Un poulet, une patte à l'équerre, peine à atteindre le système d'abreuvement. Des cadavres sont au milieu des poulets vivants. On y voit également un canon à poulets : machine qui aspire les volailles d’un côté et les expulse de l’autre à grande vitesse dans les caisses de transport pour partir à l’abattoir" décrit L214, ajoutant que "sur le site de l’élevage, le bac d'équarrissage, poubelle dans laquelle sont placés les cadavres d'oiseaux morts en élevage, déborde de vers qui empêchent presque de distinguer les corps des poulets, preuve d’un défaut d’enlèvement des cadavres". En outre, l’association affirme que la moitié des bâtiments ne dispose pas de fenêtres, privant les poulets de lumière naturelle.

Raphaëlle Martinez, militante pour l'association L214 :
L214

Contradiction sur le terrain

Au vu de "l’état sanitaire constaté" et "des manquements de cet élevage vis-à-vis de la réglementation", L214 demande au groupe LDC de "s’engager fermement contre les pires pratiques d’élevage et d’abattage, et pour du plein air pour les poulets". L’association devait distribuer des tracts aux passants ce jeudi 18 novembre à Sablé-sur-Sarthe et faire signer une pétition, avant de se rendre au siège social de LDC dans la zone industrielle Saint-Laurent, pour demander à rencontrer la direction : "Conditions de vie et méthode de ramassage des animaux sont désastreuses dans cet élevage mayennais qui fournit LDC. Pourtant, le groupe n’hésite pas à mettre en avant l’éleveur sur son site, en évoquant notamment le respect du bien-être animal !" affirme Brigitte Gothière, responsable de l’association L214.

Raphaëlle Martinez, militante pour l'association L214 :
L214

Mise en demeure préfectorale

Au-delà des situations de mauvais traitement qu’ils entendent dénoncer, les militants de L214 rappellent que "L’EARL du Limet avait déjà été mise en demeure par la préfecture de la Mayenne en 2012, cette véritable usine à poulets ayant à l’époque dépassé le nombre de poulets autorisés, et n’ayant pas respecté les distances d’épandage vis-à-vis des points de prélèvement d’eau". Sous le coup de ce rappel à l’ordre des services de l’Etat, l’élevage "s’était pourtant vu accorder une extension de son permis d'exploiter de 220 000 à 330 000 animaux afin de permettre une mise en conformité de la situation administrative" précisent-ils. Puis en 2016, "c'est l'autorisation d'augmenter à 360 000 animaux qui avait été autorisée sans enquête publique" au sein d’une exploitation qui "apparaît dans l'actualité locale en raison d'une violente querelle familiale, de détournement de fonds et de de violence" ajoute-t-on.