Vendôme : l’annulation d’une cérémonie des Justes jette le trouble sur la ville
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Modifié : 13 avril 2025 à 20h13 par Nicolas Terrien
Depuis ce week-end, la ville de Vendôme est sous le feu de très nombreuses réactions d’indignation émanant de toute la France. Ceci après la publication d’un article du Point révélant son refus d’assumer la tenue d’une cérémonie en hommage à un couple vendômois qui avait caché des enfants pendant l’occupation.
Ce dimanche 13 avril en début de soirée, la municipalité tente de s’expliquer sur ce qu’on appelle désormais l’affaire de la cérémonie des Justes. "La ville de Vendôme réaffirme sans ambiguïté son engagement pour cette cérémonie" lit-on dans un communiqué de presse. Une manière de tenter d’étouffer l’incendie qui a pris de l’ampleur tout au long de la journée, après la publication d’un article dans Le Point publié la veille et titré "Quand honorer les Justes devient compliqué en France". Il y est dit dans le détail que la municipalité de Laurent Brillard aurait donné une fin de non-recevoir à la tenue d’une cérémonie de remise de médaille en mai prochain en mémoire à Jean et Jeanne Philippeau, savetiers de la ville qui ont notamment caché Arlette Testyler-Reimann en 1942, la présidente de l’Union des déportés d’Auschwitz s’étant elle-même déclarée "déçue, malheureuse, hors de moi" auprès de l’hebdo.
Jusqu’au cabinet du Premier ministre
Ce refus municipal a été adressé directement au délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem, et justifié par "la proximité des élections locales" et le contexte géopolitique actuel, notamment au proche-orient "qui suscite des sensibilités particulières au sein de nos différentes communautés". Malgré les discussions, le refus est confirmé, et c’est Arlette Testyler-Reimann, 92 ans, qui s’en est émue directement auprès du cabinet de François Bayrou. Selon Le Point, ce dernier "a incité la sous-préfecture de Vendôme à prendre le relais de la ville" charge à cette dernière d’organiser seulement... le vin d’honneur ! Mais pour bien répartir les rôles, la municipalité affirme ce dimanche soir "qu’en accord avec le délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem et la sous-préfecture, une réunion se tiendra le 22 avril prochain pour définir les modalités de son organisation".
Des réactions en cascade
L’information a été abondamment reprise et relayée ce dimanche, tant par des réseaux d’extrême droite, notamment par Gilbert Collard sur X, que par des médias comme "The Times of Israël". Localement aussi les réactions se sont enchaînées au fil de la journée, notamment à gauche, comme celle de l’adjoint à la mairie de Blois, Frédéric Orain, qui dit "avoir honte pour Laurent Brillard. C’est idiot, c’est lui qui devrait se cacher d’être aussi peureux devant des personnes qui ont eu tant de courage". La fédération du PS en Loir-et-Cher n’est guère plus tendre, "condamnant une décision prise en toute discrétion au sein de la seule majorité municipale vendômoise afin de ne pas ébruiter ce que le maire savait déjà être un acte politique d’une lâcheté sans précédent". Et dans une lettre ouverte, le conseiller municipal Christophe Chapuis s’adresse au maire de Vendôme en affirmant "qu’il apparaît que vous êtes tout aussi rapide à ne pas froisser certaines communautés quitte à privilégier la lâcheté au courage politique qui devrait animer tout élu de la République dans la conduite de son mandat". L'ancien maire Pascal Brindeau parle même "d'un sentiment de honte pour ma ville", éreintant "la pauvreté intellectuelle de l'argumentaire" de son successeur désigné...
Vendôme réaffirme son attachement au devoir de mémoire
De fait, la réaction de Christophe Marion était aussi attendue, en tant que membre du groupe d’amitié parlementaire France-Israël, mais aussi porteur au nom de son groupe d’une proposition de loi visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur : "J’ai toujours rappelé que nous devons refuser d’importer dans notre pays et dans notre quotidien la guerre à Gaza et combattre celles et ceux qui cherchent à l’instrumentaliser" explique le député EPR du Loir-et-Cher sur les réseaux sociaux. Avant de soutenir Laurent Brillard : "Je ne lui ai jamais prêté de dérive clientéliste" et d’assurer qu’il "sera à ses côtés, aux côtés de l’Etat et des Vendômois pour honorer le plus vite possible les Justes de Vendôme avec les honneurs que nous leur devons". De son côté, la municipalité de Vendôme, "réaffirme son profond attachement au devoir de mémoire et à l’importance d’honorer celles et ceux qui, comme le couple Philippeau, ont fait preuve d’un courage exemplaire durant les heures les plus sombres de notre histoire", en mettant aussi en avant sa Croix de guerre pour faits de résistance à la Libération.