Victor Castanet : "Orpéa n’a finalement jamais porté plainte contre moi"

Il y a eu un avant et un après "les Fossoyeurs", ce livre enquête explosif riche de 250 témoignages qui dénonce les maltraitances et défaillances de certaines maisons de retraite. Son auteur, Victor Castanet, était au Mans ce mercredi 4 mai pour une rencontre-dédicaces à la librairie Thuard. Depuis la publication de son ouvrage il y a trois mois, l’Etat a même porté plainte contre le groupe Orpéa : "L’objectif, c’était de produire un livre qui soit implacable pour montrer qu’il n’y avait pas seulement des dysfonctionnements mais également des dérives. Pour autant, je ne m’attends pas à avoir un tel impact et de telles répercussions, y compris pendant le débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. J’ai le sentiment, avec tous les témoins, d’être à l’origine d’une enquête qui va peut-être faire évoluer le secteur" se félicite le journaliste indépendant.

De nombreux nouveaux témoignages

Au gré de ses rencontres avec les lecteurs, Victor Castanet recueille de nombreux nouveaux témoignages, comme celui de cette femme, venue lors de l’échange organisé au Mans, pour évoquer  le cas de son époux malade d’Alzheimer et décédé 48 heures après son admission dans un Ehpad sarthois l’été dernier. "Ce sont les proches de résidents mais aussi des salariés du secteur, aides-soignants, auxiliaires de vie et parfois des médecins qui viennent me voir. Ils le font pour remercier les témoins ou apporter de nouveaux éléments comme des dysfonctionnements qu’ils auraient pu constater. Ces témoignages souvent très touchants peuvent parfois m’amener à partir sur d’autres investigations" explique l’intéressé. Même si Victor Castanet reconnaît que cela peut-être parfois un peu lourd : "C’est souvent des drames familiaux mais c’est un combat que je mène avec toujours autant de passion".

Pas de plainte pour diffamation

Dans son ouvrage, Victor Castanet détaille le système de maltraitance institutionnalisée mis en place au sein des Ehpad Orpéa. Le groupe privé, avec qui il n’a eu aucun contact depuis la publication, avait réagi en affirmant publiquement son intention de déposer plainte pour diffamation : "De plainte, il n’y a finalement pas eu. Et nous sommes désormais au-delà du délai de prescription de trois mois. La nouvelle direction doit se rendre compte de la gravité des pratiques qu’il a pu y avoir" réagit le journaliste. Concernant l’audit externe dont les premières conclusions sont moins accablantes que celles des "Fossoyeurs", Victor Castanet est loin d’être surpris : "C’est Orpéa qui finance les auteurs de cet audit, dont l’indépendance est donc questionnable. Ils confirment un certain nombre d’éléments du livre, mais avaient-ils vraiment le choix compte-tenu des rapports de l’Igas et de l’IGF" conclut celui qui affirme déjà plancher sur une nouvelle enquête, toujours autour de la santé.