A Mer, la veille d’une association face à vingt ans de développement logistique continu

Noé Petit est à la tête de l'association "A bas le béton".

Modifié : 24 septembre 2025 à 18h59 par Nicolas Terrien

4 - 1 = 3 : soit le nombre de recours toujours déposés contre des projets d'implantations logistiques devant le tribunal administratif d’Orléans par "A Bas le Béton". Ce mardi 23 septembre, l’association méroise a annoncé le retrait de l’un d’eux, tout en restant fermement opposée à plusieurs dossiers toujours en cours. L’occasion de tenter de s’y retrouver dans ce bras de fer entre développement économique et économie foncière, 25 ans après le "traumatisme Epeda".

L’annonce est tombée presque comme une surprise ce mardi 23 septembre. L’association "A Bas le Béton" explique abandonner son recours déposé contre le projet porté par la société SCCV-SP France, issue du fonds de pension américain Scannell Properties. "Les discussions ont abouti au retrait de notre recours en contrepartie d’une adaptation du projet" est-il indiqué dans le communiqué adressé à notre rédaction. Sur place, Noé Petit explique : "Nous avons échangé avec l’entreprise, et ils ont accepté de réduire la surface de l’entrepôt et de le décaler sur la parcelle afin de laisser la place à une surface d’un hectare paysagé". C’est donc cette adaptation qui permettra à la société de construire son bâtiment de 27 000 mètres carrés et de 11 mètres de hauteur en lieu et place de l’ancien centre logistique de Gamm Vert sur la rue Jean-Mermoz.

Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :

"Quel développement pour quels emplois ?"

La rue Jean-Mermoz est située au cœur de la zone d’activité des Portes de Chambord, créée il y a plus de vingt ans pour redynamiser le mérois, encore sous le choc de la fermeture du fabricant de matelas Epeda en 1999, laissant 250 salariés sur le carreau. La proximité de l’échangeur autoroutier de Mer a ouvert de belles perspectives de développement aux élus de l’époque sur cette zone qui a vu fleurir bon nombre d’activités, surtout logistiques, avec l’érection de bâtiments aux surfaces toutes plus démentielles les unes que les autres. A ce jour, l’association "A Bas le Béton" en dénombre treize. "Nous ne sommes pas opposés au développement, mais il s’agit de définir quel développement pour quels emplois" justifie Noé Petit. Une manière aussi pour le très probable candidat à la mairie de Mer en 2026 de sortir d’une posture de simple producteur de recours en série...

On dénombre au moins six projets d'implantation logistique nouveaux à Mer.

40 000 mètres carrés près d’habitations

D’ailleurs, le jeune homme ne se dit pas esseulé dans son combat contre l’artificialisation des terres agricoles de la Beauce Ligérienne. "Le recours contre SCCV-SP a été porté par l’association et par une trentaine de riverains" assure-t-il. Direction la rue Haute-d’Aulnay. C’est là qu’habite Ghislaine, 77 ans, Méroise d’origine et revenue dans sa ville natale voici une quinzaine d’années : "J’aurais préféré qu’un compromis soit trouvé avec le projet juste derrière chez moi" s’exclame-t-elle. Le projet en question, c’est celui porté par Etchelog avec 40 000 mètres carrés d’entrepôts juste au-dessus de la gare de Mer. "Ici, c’est davantage un problème de proximité avec les habitations" argumente Noé Petit, avec toutes les nuisances autant visuelles que routières qui seraient engendrées. D’ailleurs, un recours contre la décision du préfet est déposé dans ce sens, "et nous avons de bonnes chances de le voir aboutir".

Noé Petit au micro de Nicolas Terrien :

Contre Panhard et ses gigantesques entrepôts

Pour autant, l’association ne collectionne pas que les succès juridiques. Le recours contre le projet Concerto -stockage de produits inflammables- a été rejeté en avril dernier, ce qui va permettre à la société de construire son bâtiment de 40 000 mètres carrés sur la zone. Mais le combat à ne pas perdre pour l’association "A Bas le Béton" reste le projet Panhard : trois entrepôts aux dimensions vertigineuses de 145 000 mètres carrés envisagés sur 44 hectares de terres agricoles ! "Nous avons deux recours en cours d’instruction contre son émergence" appuie Noé Petit : le premier concerne la construction du "bâtiment C" et le second dénonce les autorisations préfectorales accordées pour les "bâtiment A" et "B". Le 10 octobre 2024, le tribunal administratif l’avait déjà reconnu comme pouvant présenter un risque d’artificialisation des sols excessif au regard du Code de l’Environnement. Des mesures compensatoires devront donc être présentées, et "A Bas le Béton" promet de ne pas laisser... béton sa veille sur le secteur !