A Rouen, le 14 juillet se fera sans Thomas Jolly

Thomas Jolly à Rouen

Modifié : 20 mai 2025 à 21h34 par Julien Dubois / crédit photo : Sweet FM

Thomas Jolly, metteur en scène des cérémonies des JO de Paris 2024, a annoncé ce mardi 20 mai l'abandon de son projet de spectacle, le 14 juillet prochain à Rouen, faute de financements privés suffisants. Mais depuis la présentation du dossier aux élus de la métropole, le 12 mai dernier, c'était le montant d'argent public sollicité, à savoir 5 millions d'euros, qui cristallisait les relations entre les élus, jusqu'au sein-même de la majorité.

Rarement un 14 juillet n'aura autant fait parler de lui à Rouen : Thomas Jolly imaginait dans deux mois un spectacle de grande ampleur sur la presqu’île Rollet, et retransmis sur TF1. Mais le metteur en scène rouennais et son collègue Thierry Reboul ont finalement annoncé ce mardi 20 mai avec une certaine amertume ne pas avoir réussi à réunir la part d’argent privé nécessaire à la réalisation du show d'une heure et demie, dont le montant était estimé à 11 millions d’euros. "Ce projet représentait une opportunité unique en termes de culture, de rayonnement et d’attractivité" a réagi le maire et président la métropole Nicolas Mayer-Rossignol. Une déception partagée par son adjointe municipale à la culture, Marie-Andrée Malleville : "Je veux dire et redire à quel point il impliquait en quantité extrêmement importante des artistes et des citoyens rouennais. Et ça, ce sera mon plus gros regret aujourd'hui".

Une majorité scindée en deux

Mais au-delà du spectacle en lui-même, ce sont les subventions publiques sollicitées qui ont mis le feu aux poudres. Un montant de 5 millions d'euros -3 millions de la ville et 2 millions de la métropole- qui a immédiatement fait réagir les élus d'opposition, puis dans un second temps une partie de la majorité, en l'occurrence les écologistes, qui -simple coïncidence ou pas-, ont annoncé quelques heures avant l'abandon du projet qu'ils voteraient contre. Marie Mabille, élue métropolitaine de Bois-Guillaume, dénonce la manière dont les choses ont été présentées : "Je pense qu'on aurait vu tout ça favorablement si ça avait été présenté en amont, si ça avait été co-construit avec les artistes du territoire, avec les élus du territoire. Un peu comme pour le dossier capitale européenne de la culture, où ça a été un processus qui a été long. Là, ce n'est pas du tout la même démarche".

Les détracteurs en prennent pour leur grade

Dans un communiqué, Nicolas Mayer-Rossignol s'est adressé directement aux détracteurs du projet, et y compris à ses "alliés" écologistes. "Il fut un temps où la droite, celle de Jean Lecanuet, n’hésitait pas à prendre des risques pour porter de grands projets ambitieux : c’est ainsi qu’est née l’Armada. Il fut un temps où toute la gauche soutenait réellement la culture, à travers les socialistes quand ils doublaient le budget de la culture en 1981 ou portaient de grands projets comme le bicentenaire de la Révolution. Aujourd’hui les temps ont changé, les hommes et les femmes ne sont plus les mêmes, et les élections approchent. Tout cela est navrant". Lui aussi très amer, Thomas Jolly a fustigé pour sa part "certains médias et élus" qui ont "œuvré au discrédit du financement public de la culture, à la dissension et défiance populaire plutôt qu’à son unité".

Reportage de Julien Dubois :