A Selles-sur-Cher, "la situation est explosive"

Stella Cocheton, maire de Selles-sur-Cher, doit faire face à la colère de ses administrés.

Publié : 8 octobre 2024 à 11h25 par Nicolas Terrien

A deux doigts de la démission, la maire de Selles-sur-Cher dénonce une ambiance délétère dans sa ville, après l’installation de plusieurs dizaines de caravanes à différents endroits. Elus et citoyens s’estiment abandonnés par l’Etat.

A Selles-sur-Cher, l’histoire se répète. Des caravanes et des véhicules stationnent depuis plusieurs semaines sur le parc des expositions, mais aussi sur la zone économique Cher-Sologne. "Cela impacte très fortement l’activité des artisans et commerçants" déplore Stella Cocheton, maire de la ville. "La brocante mensuelle ne peut plus se tenir sur le champ de foire, et il n’est plus possible de stationner pour se rendre sur le marché du jeudi sur la place De-Gaulle". Plus grave, l’édile souligne le climat de très forte tension entre les habitants et les membres de la communauté des gens du voyage. Il faut dire que tout dialogue semble rompu : "Nous n’avons plus d’interlocuteur, et les anciens dans la communauté ne sont plus écoutés par les jeunes". Et cette situation "explosive" s’étire maintenant depuis plusieurs semaines.

Ecoutez le reportage de Nicolas Terrien :

Des altercations "de plus en plus violentes"

Ce vendredi 4 octobre, un dispositif de sécurité a été mis en place autour de la maison de santé pluridisciplinaire qui donne sur la place Charles-De-Gaulle. Il s’agissait d’inaugurer cet équipement qui conforte l’installation de jeunes médecins. Un signe du climat tendu dans la ville ? Stella Cocheton ne compte plus les exemples d’incivilités, voire d’altercations entre habitants et gens du voyage depuis des semaines. "Au cinéma, vous avez des ados qui arrivent et qui mettent le bazar. Ensuite, il faut des heures pour tout remettre en ordre". Là, c’est l’adjoint au maire Grégoire Bert qui raconte sur sa page Facebook : "Tous les après-midi de la semaine, une dizaine de jeunes investissent notre médiathèque et y mettent le désordre complet". Autre exemple : "Le riverain direct du champ de foire, conseiller municipal, se voit balancer des déjections sur son portail et sa maison". Le jeune élu explique que les altercations sont nombreuses et de plus en plus violentes.

Des caravanes sont installées depuis plusieurs semaines sur le Champ de foire sellois.

Rétablir l’état de droit

Et pour ne pas arranger les choses, les élus sellois se sentent abandonnés par l’Etat. Toujours sur sa page Facebook, Grégoire Bert interpelle directement le préfet, expliquant "en être rendu à [le] supplier de prendre au sérieux les alertes et par-dessus tout d’agir pour éviter un drame qui nous guette". Devant la presse le 27 septembre, le préfet de Loir-et-Cher a reconnu le caractère illégal de ces installations, mais aussi sa capacité d’action limitée dû au non-respect du schéma départemental d’accueil des gens du voyage qui prévoit notamment une aire de grand passage dans le sud du Loir-et-Cher, aujourd’hui inexistante. Xavier Pelletier a aussi incité les propriétaires de terrains occupés à porter plainte, et a assuré qu’il continuera à mobiliser les forces de l’ordre, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises.

Quelle issue pour Selles-sur-Cher ? Reportage de Nicolas Terrien :

Stella Cocheton prête à démissionner

Pourtant, Selles-sur-Cher dispose d’une aire d’accueil, mais elle est aujourd’hui fermée, car dégradée. "Fin juillet, [ils] se sont branchés illégalement sur le transformateur électrique qui a fini par prendre feu" explique Stella Cocheton. L’issue serait donc de rouvrir cette aire très rapidement, sauf qu’Enedis annonce un délai de six mois. Il y a aussi l’idée de l’évacuation forcée, mais pour aller où ? "Ils reviendront quatre jours après, comme ça a été le cas en août et début septembre". Un jeu du chat et de la souris qui exaspère des élus au bord de la rupture. "J’ai 50 ans, je suis salariée, j’ai voulu m’engager... La solution de facilité serait de jeter l’éponge !" : la maire affirme même avoir déjà rédigé son courrier de démission, certaine d’être suivie par d’autres élus du conseil. Alors qu’à ce jour, la situation reste dans l’impasse, et la colère monte.