Blois : leur quotidien dans la rue

Une quarantaine de personnes bénéficient de repas distribués par les Restos du Cœur à Blois.

Publié : 3 janvier 2024 à 19h06 par Nicolas Terrien

Lilian est sans-abri. Daniel a un logement, mais vit dans une grande précarité. A l’heure où tout le monde s’adresse les vœux pour la nouvelle année, ils nous livrent les leurs.

"Je suis SDF depuis le 24 juin !" : la réponse est très précise, mais quant au motif de cette précision, Lilian reste silencieux. Je n’insiste pas. Depuis, le jeune homme de 24 ans est "à la rue", comme il le dit lui-même. "En ce moment, c’est assez dur, il fait froid, surtout la nuit". Chaque soir, le défi est de parvenir à dénicher un endroit abrité et relativement sécurisé pour pouvoir dormir. "Parfois, j’arrive à trouver des bâtiments abandonnés. Sinon, je dors dehors, ce qui fatigue beaucoup le corps". Non loin de là, Daniel, 67 ans, bénéficie d’un logement dans le vieux Blois, "mais je n’ai qu’un toute petite retraite" explique-t-il, à l’heure où tout augmente. "Je fais comme tout le monde, je fais attention". Et pour rompre son isolement social, il vient fréquemment à la rencontre des gens de la rue, dont il se sent proche. "Ça me fait sortir de chez moi". Après plusieurs décennies en région parisienne, Daniel a décidé de revenir dans sa région natale, où finalement la vie est moins chère.

Le témoignage de Lilian :

2024 ? "Au jour le jour !"

Nouvel année, nouvel espoir ? Après plus de six mois à la rue, Lilian veut y croire. "Pour décrocher un logement, je dois d’abord trouver un travail" assure-t-il, lui qui cherche un poste d’agent de production. Et lorsqu’on lui demande pourquoi il ne trouve pas, c’est dans un long soupir qu’il livre sa réponse. "C’est un peu compliqué de répondre comme ça...". Là encore, on n’insiste pas. De plus, il se dit peu attiré par les formations : "Rester assis dans une salle, ce n’est pas pour moi". Il préfèrera donc une formation pratique, assurément ! Et Daniel, qu’espère-t-il de 2024 ? "Moi ? Je n’en espère rien ! Je vis au jour le jour et toujours sur le fil du rasoir. Je ne programme pas, et ça me suffit comme ça". Fréquemment, Daniel et Lilian se croisent. Ce jour-là, c’était tout près de la gare de Blois, où ils ont partagé un repas proposé par les Restos, en compagnie d’une quarantaine d’autres convives. Et autant de parcours de vie cabossés, là, juste en bas de chez nous.

Le témoignage de Daniel :