Brandt : pourquoi la justice a refusé le plan Revive et a choisi la liquidation ?

Brandt a été placé en liquidation judiciaire le jeudi 11 décembre

Modifié : 14h30 par Nicolas Terrien

Le tribunal des activités économiques de Nanterre a rejeté ce jeudi 11 décembre l’ensemble des offres de reprise de Brandt France, dont celle portée par le groupe Revive et une Scop de salariés. Dans un jugement de 35 pages que nous avons pu consulter, les magistrats justifient une décision lourde : la liquidation sans poursuite d’activité laissant 700 personnes sur le carreau.

Pour les juges du tribunal des activités économiques de Nanterre, le diagnostic est sans ambiguïté : depuis sa reprise en 2014 par la famille Rebrab, Brandt n’a vécu que grâce aux injections financières massives du groupe Cevital, soit près de 420 millions d’euros en seulement dix ans. Aucune trajectoire de redressement n’a été observée. Et il leur est apparu que le plan "de relance" proposé par le groupe Revive ne pourrait pas rompre pas avec cette logique : il anticipe encore deux années de pertes, à hauteur de 12 millions puis 3 millions d’euros, malgré une hypothèse optimiste de croissance du chiffre d’affaires de 45%. Les magistrats soulignent aussi que le financement de ces premières années n’est pas sécurisé. Le projet repose sur des sources hétérogènes - fonds publics pas encore confirmés, crowdfunding, participation importante et engageante des salariés, cessions immobilières- ainsi qu’un emprunt participatif incertain.

Un repreneur sans expertise industrielle

Le tribunal rappelle aussi que Revive est avant tout un acteur financier. Or, dans une industrie du gros électroménager hautement technique et sous pression concurrentielle, l’absence totale de partenaire industriel est un handicap majeur. Aucun fabricant n’a accepté de s’associer au projet, signe selon les juges que le marché ne croit plus au potentiel de Brandt France. "L’offre est unique, ce qui n’est pas un signe d’attractivité" tranchent-ils. Les usines tournent à 30% de leur capacité et le repreneur ne propose pas de stratégie industrielle crédible. De plus, une Scop qui ne suffirait pas à sauver Brandt. Le montage porté par Revive inclut une société coopérative financée en partie par les salariés -77% d’entre eux, selon le président de région, François Bonneau-. Pour le tribunal, cette initiative "louable" ne corrige ni les faiblesses industrielles, ni la fragilité financière du projet. Elle expose même les salariés à un risque supplémentaire, sans garantie de retour à l’équilibre.

La gamme de gros électroménager développé par Brandt sur son usine de Saint-Ouen/Vendôme

Une reprise qui ne protège ni l’emploi ni les créanciers

Si le projet défendu par le groupe Revive promettait la reprise théorique de 364 salariés, soit un peu plus de la moitié des effectifs, les juges estiment que l’objectif social central du plan de cession n’était pas atteint. Les trois autres offres, beaucoup plus limitées -25 salariés repris au mieux-, ont été évacuées rapidement. Côté créanciers, le constat est encore plus sévère : le prix de cession proposé par Revive -5 euros pour deux sociétés cumulant plus de 260 millions d’euros de dettes- est jugé "dérisoire". Les marques, pourtant dotées d’un potentiel commercial significatif, n’y sont quasiment pas valorisées.

Situation financière jugée "irrémédiablement compromise"

Au-delà des offres insuffisantes, les juges pointent encore une aggravation du passif pendant la période d’observation : 9,2 millions d’euros de dettes générées en deux mois seulement. Une dérive qualifiée "d’aggravation fautive du passif", traduisant selon eux une incapacité à administrer l’entreprise de manière prudente. Cette situation rend impossible toute présentation d’un plan sérieux. Le tribunal estime que la liquidation est la seule solution conforme au droit des entreprises en difficulté et à la protection des salariés et créanciers.

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