Bretteville-sur-Laize : victimes de violences conjugales, elles sont au cœur d’une expo

Une partie de l'équipe d'Osys
Une partie de l'équipe d'Osys

Publié : 23 novembre 2022 à 9h06 par Joris Marin

Une exposition intitulée "Portraits de guerrières" est à voir ces mercredi 23 et jeudi 24 novembre, à la salle de cinéma de Bretteville-sur-Laize. 55 photos montrant la reconstruction de femmes, victimes de violences conjugales.

Les chiffres ne mentent pas. Pour s'en convaincre, rappelons que l’an passé, en France, 122 femmes ont été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Elles avaient été 102 en 2020. Cathy -prénom d’emprunt- est encore en vie, mais elle n'est peut-être pas passée loin du drame. Cette femme de 40 ans, originaire d'Afrique du nord, a quitté, il y a quelques années, son mari et leur foyer situé dans le secteur de Caen, en compagnie de sa fille, âgée aujourd’hui de quatre ans, refermant ainsi un chapitre de violences conjugales.

Cathy :

Depuis trois ans dans un foyer d'urgence

Cathy et sa fille sont hébergées depuis trois ans au foyer d’accueil d’urgence de l’association Jacques-Cornu à Bayeux. L’heure de la reconstruction pour cette femme, qui n’a plus de papiers -ils lui ont été volés par son ex-mari-. Elle va y rester le temps qu’il faudra, le temps qu’elle trouve un logement et même un travail et que tout soit réglé sur le plan administratif. "Je fais beaucoup d’efforts pour offrir une belle vie à ma fille, je suis actuellement des formations. J’aimerais travailler, pourquoi pas dans le secteur de la compta, dans le Calvados" explique celle qui possède une licence en comptabilité.

Cathy :

L'expo "Portraits de guerrières" à Bretteville-sur-Laize

Une reconstruction très longue. Trois ans après, Cathy reste traumatisée par ce qu’elle a vécu. Une battante, qui profite de notre entretien pour s’adresser aux autres victimes de violences conjugales : "N’hésitez pas à vous tourner vers l’association Jacques-Cornu, elle va vous aider. Il ne faut pas rester avec une personne qui vous fait mal et qui décide à votre place". Pour faire bouger les lignes, la mère de famille n’a pas hésité à prendre la pose, dans le cadre de l’exposition "Portraits de guerrières", en accès libre, ces mercredi 23 et jeudi 24 novembre, à la salle de cinéma de Bretteville-sur-Laize, alors que se profile -le lendemain- la "Journée internationale pour l’élimination des violences à l'égard des femmes".

Cathy :
Expo photo

"La honte et la culpabilité doivent retourner du côté agresseur"

Une série de 55 photos de sept femmes engagées dans une étape de reconstruction. Exposition proposée par Osys -pour "Oui SYStématique"-, qui est un service d’accompagnement, situé à Bayeux, pour les victimes de violences au sein du couple : violences psychologiques, verbales, économiques, physiques et sexuelles. Virginie Legastelois en est la responsable. Ce service, qui fait partie de l’association Jacques-Cornu, est joignable sept jours sur sept, 24 heures sur 24. "Au départ, je voulais qu’on photographie les mains et le dos des femmes. Finalement, les sept participantes ont accepté de montrer leur visage. Ce sont elles qui ont également choisi le titre de l’exposition. C’est un sacré combat qu’elles mènent. Vous savez, quitter le domicile conjugal est difficile. Le plus dur, c’est de ne pas y retourner, car c’est toute une machine qui se met en route avec par exemple des menaces de suicide du compagnon. La honte et la culpabilité doivent retourner du bon côté, du côté agresseur" affirme Virginie Legastelois.

Virginie Legastelois :
Expo photo

Cinq hommes épaulés par Osys en 2022

431 personnes ont été accompagnées par le service Osys depuis sa naissance -le bilan d’activité de ses trois années de fonctionnement sera dévoilé ce vendredi 25 novembre lors d’une soirée à la salle des fêtes de Saint-Vigor-le-Grand. Environ la moitié a été hébergée par Osys, l’autre moitié était en demande d’information et d’orientation vers les services compétents. Ce sont principalement des femmes. Deux hommes ont été épaulés l’an passé par le service dirigé par Virginie Legastelois, cinq cette année : "Une fois en lien avec la victime, nous évaluons ses besoins. En fonction de ses besoins, on va essayer d’y répondre immédiatement, soit par le biais d’un hébergement, soit par le biais d’un rendez-vous avec un autre partenaire pour par exemple mettre en place des prestations CAF". Osys dispose depuis peu de six logements d’hébergement d’urgence à destination des victimes de violences conjugales, répartis dans le Calvados.