Caen : les étudiants font face à l'inflation
Publié : 6 septembre 2022 à 18h38 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM
Les prix, en particulier ceux des produits alimentaires, sont en hausse depuis un petit moment en France. Ce qui impacte notamment la communauté étudiante. Reportage à l'université de Caen.
L'inflation a atteint 5,8% sur un an en août en France, contre 6,1% en juillet selon une estimation provisoire de l'Insee. Explication ? "C'est le ralentissement des prix de l'énergie" selon l'Institut national de la statistique... même si le coût des produits manufacturés et de l'alimentation continue lui, de monter, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les Français, et en particulier les étudiants. Clara Tison, 22 ans, est en Master 2 à l'université de Caen-Normandie. C'est sa dernière année de psychologie, avant d'entrer sur le marché du travail : "Mes parents m'aident un peu. Pour le paiement du logement, je reçois les APL et mon père et ma mère font le complément. Comme ça, je n'ai rien à sortir de ma poche. Mais, pour pouvoir vivre et ne pas survivre, j'ai besoin de travailler tout en suivant mes cours, car la vie coûte cher" confesse-t-elle, en précisant avoir besoin de 400 euros chaque mois pour se loger -elle est actuellement en colocation dans un appartement au Chemin Vert-.
400 à 500 euros par mois dans la poche
Depuis sa licence 1, la Manchoise d'origine a enchaîné les petits boulots : aide aux devoirs chez des particuliers, garde d'enfants, travail d'intérimaire dans une entreprise de logistique, le matin, le soir et par moments aussi le week-end, "sans oublier bien évidemment pendant les vacances". A la clé, 400 à 500 euros tous les mois, de quoi couvrir ce que les bourses ne permettent pas de payer, comme des frais de carburant ou tout simplement de quoi manger. Des journées à rallonge, commençant tôt, et se terminant tard. "En licence, j'avais vingt heures de cours par semaine, qui s'étalaient de 8 à 19h parfois, avec des trous dans la journée. Et avec mon travail, ça pouvait être du 5h30 à 20h30. Au moment des examens scolaires, pour être efficace et concentrée, j'essayais de ne pas avoir de petits boulots. Mais, en période normale, une chance que j'avais des amis pour me donner les cours. Je n'y allais pas tout le temps, quand ils avaient lieu en même temps que le travail mais aussi parce que parfois j'avais juste besoin de dormir" raconte Clara.
Un prêt étudiant pour réussir ses études
Pour ne pas reléguer au second plan ses études, Clara Tison a choisi, en cette rentrée 2022, de ne plus travailler à côté de son Master. Elle a décidé de contracter un prêt étudiant de 10 000 euros -la moitié de la somme à taux zéro, le reste à un taux de 0,9%-. Une somme remboursable à partir de 2024 sur cinq ans avec des mensualités de 280 euros. "On a vu large sur le montant et sur le début du remboursement, histoire que je sois plus sereine. Il doit y avoir une autre élève qui a contracté un prêt étudiant. Les autres, pour la plupart, travaillent au moins l'été et pendant les vacances scolaires" confie Clara, qui se trouve en classe avec une dizaine de camarades.
"La précarité étudiante remise en lumière"
Théo Lesénéchal a une vue d'ensemble sur la communauté étudiante caennaise. Ce garçon de 24 ans, qui suit un cursus en droit, est vice-président étudiant de l'université de Caen-Normandie. C'est en quelque sorte le délégué de promotion de cet établissement, il représente ainsi 33 000 élèves. Il remarque en cette rentrée qu'il y a de nombreuses questions autour du logement : "Beaucoup de jeunes n'arrivent pas à trouver d'hébergement dans leur budget alors que les cours ont déjà repris. La précarité étudiante, ce n'est pas nouveau. Ce sujet nous préoccupe depuis un petit moment. Cela a été remis en lumière avec la crise sanitaire, ça l'est encore plus avec l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat des étudiants".
Nouvelle épicerie sociale et solidaire sur le campus
Théo Lesénéchal tient à saluer l'action de l'université de Caen-Normandie : "Elle fait son maximum" pour que les fins de mois ne commencent pas trop tôt... Il y a par exemple l'accompagnement sur les associations solidaires ou encore les distributions alimentaires ponctuelles. "Existent également les épiceries sociales et solidaires : l'une se trouve à Caen sur le campus 1, l'autre à Cherbourg. L'ouverture d'une troisième n'est plus qu'une question de semaines, située sur le campus 2 de Caen, il s'agira de vendre des denrées alimentaires à bas prix pour des publics en difficultés économiques, en l'occurrence uniquement pour les étudiants". L'université a également la capacité d'exonérer les frais d'inscription des étudiants qui en font la demande. Un dispositif pas si connu. "200 euros gagnés, c'est toujours ça". Et elle développe une nouvelle commission sociale qui devrait permettre de débloquer des leviers d'actions supplémentaires, comme l'achat de matériel informatique. "Un étudiant, dans le besoin pourrait ainsi se faire prêter un ordinateur sur une longue durée".