Calvados : à 101 ans, elle fait encore tout chez elle

Gisèle Bisson

16 mai 2022 à 16h00 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

Depuis quelques semaines, la doyenne de l'humanité est française : Sœur André a 118 ans. A titre de comparaison, avec ses 101 ans, Giselle Bisson fait figure de petite jeune : rencontre avec cette Calvadosienne qui vit encore chez elle, cuisine et reçoit chaque semaine ses neveux et nièces.

Il y a le salut à la foule d'Elisabeth II. Il y a également celui de Giselle Bisson, la reine de Merville-Franceville, jolie ville calvadosienne du bord de mer. Quand cette dame de 101 ans sort de chez elle, impossible de passer inaperçue. Ici, un homme lui demande comment elle se porte. Là, une femme lui souhaite bonne journée. Giselle Bisson leur répond toujours avec le sourire. Une femme née le 8 mars 1921 dans le Maine-et-Loire. "Mon papa était facteur près d'Angers. A la retraite, il a acheté un terrain ici avec ma mère pour faire bâtir une maison. Nous sommes arrivés à Merville-Franceville le 3 août 1930" raconte-t-elle.

L'avant-dernière de sa fratrie

"Cela fait 92 ans que je vis ici" se souvient avec précision celle qui avait huit frères et sœurs. "Nous étions neuf, j'étais la huitième. Il ne reste que moi" explique cette ancienne employée de maison, une femme célibataire, qui n'a pas d'enfant mais des neveux et nièces dont elle est très proche : "Ils viennent me voir toutes les semaines ". Les retrouvailles, un moment fléché dans l'agenda de Giselle Bisson, qui ne voit pas le temps passer. Les années défilent. La Calvadosienne aura vécu plus longtemps que sa maman, décédée à 96 ans et demi. Mais elle reste une "petite jeune" si on compare avec Sœur André, 118 ans, une Française, doyenne de l'humanité depuis quelques semaines.

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Le banc de Gisèle Bisson

Elle habite au deuxième étage, sans ascenseur

Avant de faire aussi bien que Jeanne Calment, l'être humain ayant vécu le plus longtemps parmi les personnes dont la date de naissance a été vérifiée -122 ans-, Giselle Bisson va pouvoir continuer à user ses semelles. Elle marche tous les jours, au sein de son logement situé au deuxième étage sans ascenseur ou alors dehors pour se promener ou faire ses courses. "Il faut que j'y aille doucement, car dès que je suis à l'extérieur, j'ai tendance à être essoufflée". Pour faire une halte sur son trajet quotidien, entre chez elle et les commerces, la centenaire peut s'asseoir sur le banc, à son nom, installé en mars dernier, avenue de Paris, par la mairie de Merville-Franceville. Ses jambes lui jouent peut-être des tours, mais son esprit est toujours vif. Et les souvenirs remontent quand on lui parle de marche à pied. "Lorsque j'étais petite, nous allions avec une de mes sœurs et un de mes frères à pied à l'école, main dans la main. On faisait 8,2 kilomètres tous les jours. Malgré la distance, nous n'étions jamais absents. On avait tous les ans le prix de l'assiduité".

Vivre à la maison

Elle avait 23 ans au moment du Débarquement de 1944

Giselle Bisson a connu beaucoup de choses, notamment un épisode marquant : la Seconde Guerre mondiale et l'occupation. Elle avait une vingtaine d'années à l'époque. "Ce n'était pas rigolo. En ce qui concerne le débarquement de 1944, nous étions là avec mes parents. Dans la nuit du 5 au 6 juin, on a dormi dehors dans la cour, car ça faisait beaucoup de bruit. Nous avons dû quitter la ville le 9 juin, alors que mon père ne voulait pas. On avait une belle maison, un joli jardin avec des fraises, des haricots... Finalement, on a enfourché le vélo, direction Cabourg. Au bout de quinze jours, changement de direction. Nous avons atterri dans une ferme du pays d'Auge. Je faisais la cuisine, ma maman la couture. Cela a duré un mois et demi avant qu'un ordre de la mairie de là-bas oblige les réfugiés à partir". La famille Bisson a alors pédalé pendant trois jours avant d'arriver à bon port chez des cousins dans le Maine-et-Loire. Retour également en bicyclette. "Nous sommes revenus le 13 septembre 1944. Des voisins, qui habitaient Paris l'hiver, nous ont prêté leur maison pendant quelques mois, car la nôtre avait été touchée par les bombardements".

La Seconde Guerre mondiale