Clara Luciani : "Si je prenais la grosse tête, ma mère me filerait des baffes !"

Clara Luciani dans le grand studio de Sweet FM

Publié : 24 janvier 2022 à 11h59 par Jonathan Lateur et Emilien Borderie / crédit photo : Mamadi Sangare

A Sweet FM, c’est l’une de nos bonnes résolutions pour 2022 : inviter à la radio tous les gens qu’on aime ! Et on s’est dit que commencer par Clara Luciani serait sympa. Alors elle est venue, en fin d’après-midi ce mardi 18 janvier, dans notre joli et grand studio tout beau tout neuf, avec sa guitare et sa bonne humeur. On l’a écoutée chanter et on a discuté. Enfin, Jonathan Lateur surtout, l’un de ses admirateurs, qui se trouve être aussi journaliste à la rédaction. Il avait plein de questions à lui poser.

Sweet FM : 2022 démarre très fort pour toi, Clara, avec des nominations multiples aux Victoires de la musique : artiste, album de l’année, chanson, meilleure création audiovisuelle... Nouvelles marques de reconnaissance en vue pour toi, qui avais déjà été récompensée par le passé sur ces mêmes Victoires ?

Clara Luciani : C’est vrai, j’ai eu cette chance... Ça me permettra peut-être de prendre avec plus de philosophie ma possible défaite cette fois ! Non, sérieusement, c’est vrai que j’ai déjà deux très belles récompenses à la maison dans ma bibliothèque et c’est pour moi une grande fierté. Après, bon, si je peux avoir un autre prix, je ne dirai pas non, évidemment ! D’ailleurs, j’en profite, je fais ma promo, je rappelle à tout le monde qu’on peut voter pour moi dans deux catégories : clip et chanson de l’année, avant le 11 février !

Surtout que la bataille s’annonce rude face à Orelsan, qui lui est nommé dans quatre catégories...

Oui, oui... D’ailleurs, je ne me fais pas trop d’illusion, j’ai quand même bien l’impression qu’Orelsan va tout rafler ! Mais bon, au moins on aura essayé.

"Le Reste" aura été le titre le plus diffusé en radio sur l’année 2021 en France. Fierté là-aussi ?

C’est dingue, c’est complètement fou. Et je suis hyper heureuse : quand je suis revenue avec cette chanson-là, j’avais très peur, je stressais, tout le monde me disait que je serai très attendue sur ce deuxième album après le premier avec lequel il n’y avait au contraire personne à décevoir. Et au final, je suis super contente : dans la rue, les gens me disent qu’ils aiment ce titre, et moi je suis ravie de voir qu’ils ont eu la curiosité d’écouter autre chose que ce qu’ils connaissaient de moi avant.

Oui, tu fais allusion à "La Grenade", énorme carton sur l’album précédent... Tu redoutais d’ailleurs de devenir en quelque sorte la chanteuse d’une seule chanson ?

Oui, mais bon, cette chanson à vrai dire, elle est spéciale pour moi, elle a eu un tel parcours qu’à mon avis il sera difficile d’atteindre ce niveau avec un autre titre. Mais je n’ai aucun problème avec ça, ça restera sans doute à jamais la chanson de ma carrière. Du moment que les gens écoutent un peu le reste de ma discographie, je peux très bien le supporter. Et j’ajoute qu’en concert, c’est très beau de voir toute l’énergie cristallisée par cette chanson, qui est devenue presque un hymne quand le public se met à la reprendre.

En concert, mais aussi sur des manifestations. Des rassemblements féministes notamment, qui en ont fait, comme tu le dis, leur hymne.

Tout à fait. Et je dois dire que ça m’a complètement dépassée. Quand j’ai écrit "La Grenade" toute seule dans ma chambre, je ne pouvais absolument pas imaginer qu’elle connaîtrait un tel destin ! C’est très émouvant.

Clara Luciani répond à Jonathan Lateur :

Certaines de tes chansons servent des causes particulières. On pense à "Cœur" qui ouvre ton nouvel album. Tu y évoques les violences conjugales.

Cette chanson est la première de l’album, elle ne pouvait pas être à une autre place. D’habitude j’écris assez rapidement, assez naturellement mes textes et je ne les retouche que très peu. Mais là, ça a été très difficile tant le sujet me tient à cœur. Je voulais que ce soit parfait, c’est tellement important, quand je vois les statistiques des féminicides, ces chiffres qui enflent de jour en jour, c’est terrifiant, je ne pense pas que quiconque puisse rester insensible devant ça.

Evoquons le contexte sanitaire, les restrictions liées à la lutte contre l’épidémie de Covid-19, et notamment sur les concerts, qui ne sont autorisés qu’avec un public assis... l’ambiance n’est quand même pas tout à fait la même, non ?

Surtout avec mon deuxième disque, oui, clairement, qui est un disque pour danser. Y’a des albums plus adaptés que le mien à des concerts en configuration assise. C’est dommage de se retrouver collé à son fauteuil avec une chanson comme "Respire encore" par exemple : j’ai essayé de faire bouger les gens dessus, malgré tout, en agitant les bras. Mais bon, ça a ses limites de ne danser qu’avec les bras. Vivement qu’on tourne la page.

Est-ce que c’est toi qui prendras le volant du bus de ta tournée ? J’ai vu que tu tentais de passer le permis de conduire... Ça se passe bien ?

Aïe... J'ai l'impression que ça fait à peu près cinq ans que j’essaie de le passer, ce permis. J’ai découvert que j’étais très mauvaise pour conduire. Je suis mauvaise au bowling aussi, j’en ai fait un hier soir, c’était pas ça... Mais bon, le bowling, c’est moins gênant que la conduite.

Il te reste beaucoup d’heures de cours de conduite ?

Le prof m’a dit 70 heures. C’était peut-être pour rire, je ne sais pas. J’ai un prof qui se marre pas mal, mais y’a de quoi, c’est un spectacle quand je conduis. Je pense qu’un de ces quatre, la mairie de Paris va m’interdire de sortir en voiture d’ailleurs.

Clara Luciani, dans le grand studio de Sweet FM

Revenons à ce que tu maîtrises nettement mieux a priori : la chanson, et le succès qui va avec. Les diffusions en radio, les Victoires de la musique, les ventes... Tu dirais que ça t’a changée dans ta manière d’être ?

Non. Enfin je ne pense pas que ça ait changé qui je suis. On me reconnaît à l’extérieur, oui, c’est sûr. Les gens m’arrêtent parfois, me parlent de mes chansons, ça me plaît. Mais bon, je vis normalement, je ne prends pas la grosse tête, ce qui de toute façon ne serait pas accepté dans ma famille. Ma mère me filerait des baffes. Et c’est très bien comme ça. Je n’ai aucun rêve de gloire, je suis très heureuse de pouvoir prendre des cafés en terrasse et d’aller acheter mon papier toilette tranquillement chez Monoprix.

Clara Luciani répond à Jonathan Lateur :

Un succès, Clara Luciani, qui n’est toutefois pas venu très vite : tu as débarqué à Paris il y a un moment pour faire de la musique, mais avant que ça prenne, tu as dû enchaîner les petits boulots pour t’en sortir ?

Ah ça... Toute une collection de petits boulots, même, vu que j’arrivais à Paris et que je n’avais pas un rond : j’ai bossé dans une pizzéria, j’ai fait hôtesse d’accueil, j’ai travaillé dans un magasin Zara, j’ai aussi donné des cours d’anglais, ce qui peut surprendre parce que je ne parle pas bien anglais. C’est un peu comme si on me demandait de donner... des cours de conduite ! Mais je ne regrette rien de tout ça, je viens d’un milieu très simple avec des parents qui me voyaient plutôt faire des études et trouver un travail bien payé pour m’assurer une vie confortable : dans les faits, je ressentais un appel irrésistible de la musique, j’ai tenté ma chance à 19 ans, j’ai pris le risque... Et je suis très heureuse de l’avoir fait parce que j’ai une vie merveilleuse maintenant.

Clara Luciani chante "Le Reste" sur la scène du grand studio de Sweet FM :