Compin à Evreux : "une trahison inacceptable"
Publié : 29 août 2022 à 17h26 par Emilien Borderie
Réagissant à l’annonce d’un plan social qui devrait toucher une cinquantaine d’employés chez Compin à Evreux, le Conseil régional de Normandie accuse l’industriel de manquer, une nouvelle fois, à ses engagements.
C’est la CGT qui a révélé le projet. Compin, industriel spécialisé depuis plus d’un siècle dans la conception et la fabrication de sièges pour le secteur ferroviaire et routier, prépare un plan social qui devrait coûter leur poste à 55 des 113 actuels employés des ateliers de la rue Du Guesclin à Evreux : "La moitié de l’effectif sera licenciée, tout cela pour l’appétit financier du fonds d’investissement propriétaire" accuse le syndicat, affirmant que l’entreprise bénéficie par ailleurs "d’une augmentation constante de son activité globale dans ses usines européennes".
Uniquement des commandes institutionnelles
Les clients finaux de Compin sont "uniquement des entités publiques" souligne la CGT... comme le Conseil régional de Normandie par exemple, qui ne manque pas de réagir : "Lorsque la Normandie a décidé d’investir massivement dans du matériel ferroviaire neuf, son choix s’est porté sur l’entreprise Bombardier, qui produit ses trains à Valenciennes et à laquelle Hervé Morin avait demandé de faire travailler autant que possible des entreprises normandes, ce qui fut fait par l’entreprise en choisissant Compin à Evreux pour la fabrication des sièges des trains".
A l’époque, les dirigeants de Compin avaient assuré que la commande du Conseil régional permettrait de maintenir l’activité industrielle en Normandie : "Mais Compin a au contraire délocalisé la fabrication de certains éléments de ses sièges en Pologne, provoquant d’ailleurs des retards considérables dans leur livraison et obligeant Hervé Morin à convoquer à deux reprises les dirigeants de Compin, SNCF et Bombardier, leur indiquant que les trains normands ne devaient pas subir les conséquences de leurs défaillances industrielles" écrit la collectivité.
Une première trahison, un nouvel épisode
Si une certaine confiance avait pu être rétablie, les dirigeants de Compin ayant affirmé que l’entreprise continuerait à produire les sièges des trains "Omneo" à Evreux et expliqué qu’il s’agissait "de mesures ponctuelles simplement liées à une réorganisation industrielle", cette fois le Conseil régional entend ne plus se laisser berner : "Avec les annonces de la semaine dernière nous constatons que la parole n’a pas été tenue et qu’il s’agit d’une trahison inacceptable pour la Normandie et les salariés de Compin".
Le Conseil régional exige "des éclaircissements"
"Pour les 27 nouvelles rames commandées par la Normandie, Hervé Morin exige de Compin des éclaircissements sur les conditions de production" lit-on dans le communiqué de la collectivité adressé aux rédactions ce lundi 29 août : "des contacts sont en cours avec les représentants du personnel, la direction de Compin ainsi qu’avec la SNCF" est-il précisé. La CGT de son côté, rappelle que la Banque publique d’investissement est le deuxième actionnaire de Compin, et presse Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, longtemps élu dans l’Eure, d’agir.