Dans les coulisses de l'ultra-trail avec le Seinomarin Benjamin Hardy

171 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif : c'est la distance et la difficulté auxquelles s'est mesuré le coureur Benjamin Hardy, au mois d'août dernier, lors de l'UTMB, l'Ultra-trail du Mont-Blanc, l'une des courses les plus prestigieuses de la discipline. L'aboutissement d'une importante préparation en réponse à un défi lancé par un ami : "Il y a deux ans et demi, c'était inconcevable. Je ne comprenais même pas ce que ça voulait dire dix heures, vingt heures, trente heures de course..." confie celui qui porte les couleurs de l'"Entente Athlétique du Plateau Est".

Des émotions décuplées

Benjamin Hardy a participé à plusieurs courses afin de marquer suffisamment de points pour participer à un tirage au sort, finalement favorable pour cette édition 2025 qu'il a bouclée en un peu plus de 35 heures, une durée sur laquelle il a dû se confronter à des émotions décuplées et parfois plus que surprenantes : "Je croyais que c'était une légende urbaine, mais j'ai eu des hallucinations à cause du manque de sommeil. Mon cerveau a complètement vrillé. Toutes les petites pierres du chemin se transformaient en animaux. J'ai cru voir une caravane qui brûlait en plein milieu de la montagne alors que c'était juste un petit feu. Il n'y avait pas d'endroit pour dormir, mais je voulais dormir, mais il fallait que je continue, mais je m'endormais sur mes jambes, sur mes bâtons".

"La fête de la montagne"

Mais le coureur retient aussi la beauté des paysages traversés entre la France, l'Italie et la Suisse, les moments d'échanges avec ses proches et plus globalement l'ambiance générée par la manifestation : "Toute la semaine, il y a beaucoup de monde, il y a d'autres courses, il y a beaucoup de familles, c'est très familial, beaucoup de gens sur les routes à nous encourager en pleine nuit au milieu de rien. Et moi, j'ai vécu ça comme une super expérience, la fête de la montagne !".

Les émotions positives prennent le dessus

Des efforts extrêmes que le traileur est d'ores et déjà prêt à revivre. Il n'hésite pas à nous confier avoir développé une certaine forme d'addiction assez répandue dans cet univers sportif. "Je comprends maintenant les gens qui font ça. Il y a de la difficulté, il y a un peu de souffrance, de l'inconfort, mais par rapport à toutes les émotions positives, c'est les émotions positives qui restent alors que l'inconfort, je m'en souviens déjà plus, je me souviens déjà plus des 250 fois où je me suis dit que j'en avais vraiment marre et que je voulais arriver !".

Ne pas banaliser ce type d'effort

L'ultra-trail bénéficie d'une médiatisation croissante ces dernières années, mais attention à ne pas banaliser ce type d'effort qui nécessite une réelle exigence en termes de préparation : "Ce n'est pas inhumain, ce n'est pas impossible, mais ça demande une très forte préparation et de ne pas prendre le truc à la légère. Il faut beaucoup s'entraîner, et ce n'est pas que l'entraînement physique, c'est vraiment se projeter, faire d'autres courses, d'autres expériences" rappelle Benjamin Hardy, qui a bouclé l'UTMB 2025 à la 394e place. Défi suivant ? Participer dans les prochaines années à un autre monument de l'ultra-trail, la "Diagonale des Fous", dont l'édition 2025 démarre ce jeudi 16 octobre sur l'île de la Réunion.