Vague de chaleur : "Je n’avais jamais ramassé les pommes aussi tôt"

Jean-Luc Olivier, producteur de cidre

25 octobre 2022 à 21h03 par Joris Marin / crédit photo : Sweet FM

L’épisode de sécheresse de l'été dernier a eu beaucoup de conséquences. Des effets immédiats et dramatiques avec notamment de nombreux incendies mais aussi, dans un tout autre registre, une récolte des pommes précoce cette année. Témoignage d’un producteur de cidre du pays d’Auge.

Du domaine familial de La Galotière à Crouttes, près de Vimoutiers, ce sont 100 000 bouteilles de cidre du Pays d’Auge qui sont produites, chaque année. On ne compte pas le pommeau, le calvados, le jus de pommes et le poiré. Avant d’être vendues partout en Normandie et même à l’étranger (15% d’export), il y a le traditionnel ramassage des pommes. Cette année, il a débuté le 28 août pour les équipes de La Galotière. "En trente ans de carrière, je n’avais jamais vu ça, on n’avait jamais commencé en août !" annonce d’emblée Jean-Luc Olivier, à la tête de ce domaine de 45 hectares de vergers en agriculture biologique depuis 1997, en compagnie de sa femme et de son fils -ils ont également trois salariés-. C'est la conséquence du gros coup de chaud de cet été. "Les premières pommes étaient très sèches, elles n’avaient pas beaucoup de jus. A peine 50% de rendement. Nous étions inquiets de la qualité des fruits. Mais, depuis, il a bien plu. Cela a permis aux arbres de se refaire une santé et de garder les derniers fruits dans les arbres. On a au final une superbe qualité de récolte. On n’aurait pas pensé ça il y a un mois. Nous avons à la fois du sucre, du jus, de l’acidité et des tannins, tout ce qu’il faut pour faire de bons produits".

Jean-Luc Olivier :
Affiche du pommeau au Feno

Beaucoup de travail jusqu'au 10 novembre

Le soleil a du bon, mais quand il ne brille pas avec excès : "On a des densités de sucre assez élevées dans la récolte. C’était assez normal au début. Mais, là, on voit que la poire monte à 1060 -c’est la densité de grammes par litre, c'est-à-dire l’unité pour mesurer le sucre dans le fruit-, soit un potentiel de 7 degrés d’alcool, et les pommes vont jusqu’à 1070, soit un potentiel de 9 degrés d’alcool. Ce sont presque des vins de pommes" explique en connaisseur Jean-Luc Olivier, qui a succédé à ses parents -ils avaient acheté la ferme en 1963-. A La Galotière, la saison est loin d’être finie. L’an passé, le ramassage des pommes s’était conclu le 24 décembre. Ce sera plus tôt cette année. "Nous sommes au pic de la saison. Il y a le ramassage des pommes. On fabrique également le jus, on commence à faire les soutirages pour clarifier les jus. On fait aussi des assemblages et bientôt ce sera l’heure de la fabrication du jus de pommes. C’est le rush jusqu’au 10 novembre".

Jean-Luc Olivier :

Dégustation dès le printemps 2023

 

Le cidre produit en ce moment sera mis en bouteille de janvier à mai. Une boisson que l’on pourra consommer deux à trois mois plus tard. Pour le pommeau, c’est encore plus long : vieillissement de quatorze mois en fût de chêne. Deux à trois ans pour certains producteurs, dans le but d'avoir un meilleur équilibre. S’agissant du calvados, c’est minimum trois ans de vieillissement en fût de chêne avant la commercialisation.