Incendie de la synagogue de Rouen : le récit de la journée

Incendie de la synagogue de Rouen : le récit de la journée

18 mai 2024 à 13h15 par Julien Dubois

Ce vendredi 17 mai, un incendie s’est déclaré en tout début de matinée à la synagogue de Rouen. A leur arrivée sur place, les forces de l’ordre ont abattu un individu armé et qui se montrait menaçant. Retour sur cette journée marquée par de nombreuses réactions et le déplacement du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Après avoir provoqué un début d’incendie, ce vendredi 17 mai, au sein de la synagogue de Rouen, un individu d’une trentaine d'années a été abattu par la police, après l’avoir menacée d'une barre de fer et d'un couteau de cuisine.

Les faits

C’est aux alentours de 7h qu’un dégagement de fumée est signalé au niveau de la synagogue, située rue des Bons-Enfants. Dépêchés sur place, pompiers et policiers constatent à leur arrivée la présence d’un homme sur le toit de l’édifice. Muni d’une barre de fer et d’un couteau, il invective les intervenants, avant de sauter et de courir en direction des forces de l’ordre. Ignorant les sommations et continuant à s’approcher, l’individu est finalement neutralisé par l’un des fonctionnaires, qui fait usage de son arme à cinq reprises, dont quatre tirs qui atteignent la cible. Le décès de l’assaillant est ensuite déclaré, malgré les premiers soins prodigués par les pompiers.

Nicolas Mayer-Rossignol, Bertrand Bellanger... dénoncent un acte antisémite

Très vite, les réactions se sont multipliées sur les réseaux sociaux. Pour le maire et président de la métropole de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, "Ce n'est pas seulement la communauté israélite qui est touchée, c'est toute la ville de Rouen qui est meurtrie et sous le choc".  Le président du Conseil départemental de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, a lui aussi apporté son soutien à la communauté juive et salué "le courage et le professionnalisme des forces de l'ordre et des pompiers du Sdis 76". Une intervention également mentionnée par le président du Conseil régional de Normandie, Hervé Morin.

La communauté juive sous le choc

Cet évènement intervient alors que la sécurité était renforcée depuis plusieurs mois autour de l’édifice. Le cocktail molotov, jeté par l’une des fenêtres de la synagogue, a provoqué un certain nombre de dégâts au niveau du lieu d’office. "Des morceaux sont tombés, le mobilier est brûlé. C’est catastrophique. Les étoiles qu’on a en guise de luminaires sont complètement déformées, plus rien ne fonctionne" déplore Natacha Ben Haïm, présidente de la communauté juive de Rouen. Pour Chmouel Lubecki, le rabbin de Rouen, "c’est quelque chose de bouleversant. Toute la communauté se sent poignardée au cœur même de la vie juive. La synagogue, c’est sa deuxième maison".

Rouen, mai 2024

Intervention du procureur

A la mi-journée, le procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet, a tenu une conférence de presse, pour évoquer les évènements de la matinée et l’ouverture de deux enquêtes : une première confiée à la direction zonale de la police nationale, pour "incendie volontaire en raison de la religion","violences volontaires avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique" et "violences volontaires avec arme sur personnes chargées d’une mission de service public". La seconde pour "homicide volontaire sur les circonstances du décès de l’individu". Le policier auteur du tir a été placé en garde à vue, le temps d’être auditionné et que les images de vidéosurveillance du lieu soient exploitées.

Rouen, mai 2024

Gérald Darmanin apporte des précisions sur l’homme abattu

Dénonçant un "acte antisémite qui nous touche tous", Gérald Darmanin est arrivé sur place en début d’après-midi pour saluer l’action des forces de l’ordre et en particulier celle du policier adjoint de 25 ans, qui a neutralisé l’individu "particulièrement dangereux et violent". "De ce que j’en sais, il a été extrêmement courageux et professionnel. Je voudrais le féliciter ici et lui dire qu'il sera décoré par la République pour son soutien à la protection des lieux de cultes et des personnes" a souligné le ministre, qui a également apporté des précisions sur le profil de l’homme tué. Ce ressortissant algérien d’une trentaine d’années, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, avait déposé en 2022 à la préfecture de Seine-Maritime une demande de titre de séjour "étranger malade", qui a été "refusée après la consultation d’un médecin". Il a alors fait l’objet d’un arrêté de reconduite à la frontière, "mais a déposé un recours, qui n’a pas abouti, fin janvier". Inconnu de la justice, il était toutefois "inscrit aux fichiers des personnes recherchées" depuis plusieurs semaines.

Incendie de la synagogue de Rouen : le récit de la journée

Rassemblement républicain

En fin de journée, la ville de Rouen a organisé un rassemblement ouvert à chacun, pour "permettre à toute la population de témoigner son soutien à la communauté juive" et "rappeler notre attachement à la concorde et aux valeurs de la République". Plusieurs centaines de personnes se sont réunies sur la place de l’hôtel de ville.