Justes de Vendôme : après la polémique, place à l’hommage
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Modifié : 16 juin 2025 à 22h48 par Nicolas Terrien
Plus de 80 ans après, un couple de Vendômois a été reconnu "Juste parmi les nations" pour avoir caché des enfants juifs durant l’occupation. En présence d’un des intéressés ainsi que d'écoliers et collégiens du secteur, la fondation Yad Vachem a remis les éléments de reconnaissance aux descendants de Jeanne et Jean Philippeau.
"Je m’en suis excusé auprès de la famille après avoir repris les choses en main" balaye Laurent Brillard, en référence à une volonté initiale de reporter sine die cette cérémonie, jetant le trouble sur la ville. C’était à la mi-avril. Mais c’est bien cet épisode qui a motivé la venue d’Aurore Bergé ce lundi 16 juin à Vendôme : "Je tenais à présider moi même cette cérémonie" a indiqué la ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes et aux luttes contre les discriminations. Le rétropédalage rapide de la ville a permis de vite rectifier le tir, laissant toute la place à cet héroïsme très discret qui fut celui de Jeanne et Jean Philippeau. En 1942, ce couple de savetiers à Vendôme a caché trois enfants juifs dans sa maison de la rue de la Mare, dont Madeleine et Arlette Testyler -nées Reimann- ainsi que Simon Windland.
La profonde gratitude d’Arlette Testyler
"Je suis née à Paris, mais je suis vraiment née à Vendôme" répète à l’envi Arlette Testyler, présente à Vendôme justement à l’occasion de cette cérémonie. C’est à l’âge de 9 ans qu’elle et sa sœur Madeleine, 11 ans, sont arrivées dans la sous-préfecture du Loir-et-Cher. Alors que cette dernière a témoigné dans une vidéo enregistrée chez elle à Jérusalem, Arlette était bien présente au Minotaure, du haut de ses 92 ans : "J’ai le cœur qui déborde de gratitude" a t-elle commenté, en référence à cette famille qui l’a recueillie. Très engagée auprès des scolaires en tant que présidente de l’association de l’Union des Déportés d’Auschwitz, les jeunes étaient justement au centre de cette cérémonie.
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Les jeunes au coeur de la mémoire
Plusieurs dizaines de collégiens ont rythmé ce temps de mémoire collectif. Les jeunes de Jean-Emond qui ont proposé des lectures de poèmes, et ceux de Robert-Lasneau ont notamment entonné la version signée Jean Ferrat du "Chant des partisans", fameux hymne des résistants. De plus, les CM2 de l’école de Lunay où Sandrine Samson -petite fille des Philippeau- est bibliothécaire ont joliment témoigné du travail qu’ils ont mené sur la base du livre d’Arlette Testyler. "C’est grâce à cet ouvrage que j’ai vraiment découvert ce qu’avaient fait mes grands-parents" explique la Vendômoise, dont le père, Jean-Pierre, est allé se faire remettre la médaille des mains des membres du comité français pour Yad Vachem.
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Pas d’ambassadeur, mais une ministre
Comme en a témoigné la présence d’Aurore Bergé, cette cérémonie d’hommage a aussi revêtu une importance nationale, surtout dans ce contexte de recrudescence des actes racistes et antisémites. Suite aux bombardements entre Israël et l’Iran, l’ambassadeur de l’État hébreu en France n’a pas pu assister aux cérémonies, et remettre lui-même les distinctions, comme de coutume pour cette reconnaissance en direction des civils. Reste à faire perdurer l’acte de bravoure aussi discret qu’héroïque des époux Philippeau : "Une stèle sera apposée sur le parvis de la mairie" promet le maire de Vendôme, Laurent Brillard, ainsi que sur leur habitation de la rue de la Mare.
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