L'abbé Pierre, une figure devenue encombrante à Esteville

L'abbé Pierre, une figure devenue encombrante à Esteville

Modifié : 29 janvier 2025 à 11h30 par Julien Dubois / crédit photo : Google

A Esteville, le mouvement Emmaüs va mettre à disposition de la commune l'ensemble de son centre, à l'exception de la pension de famille "Lucie-Coutaz". Cela fait suite aux révélations qui ont sérieusement écorné l'image de l'abbé Pierre, enterré dans le cimetière du village et accusé d'avoir commis des agressions sexuelles et des viols pendant plusieurs décennies.

Au nord de Rouen, Esteville souhaite en finir avec l'image de l'abbé Pierre, icône déchue depuis les révélations d'agressions sexuelles et de viols, dont le fondateur d'Emmaüs, décédé en 2007, fait l'objet. Pour le maire de la commune, Manuel Grente, il est désormais important d'effacer les traces d'une figure devenue encombrante : "Au vu et en pensée vis-à-vis des victimes, il me paraissait et il me paraît toujours indispensable, en tout cas, de tourner la page. Nous l'avons fait en prenant le temps. Nous l'avons fait pour notre école et nous le faisons aujourd'hui pour l'ancien centre Abbé-Pierre, et nous le ferons demain pour la fresque qui a été réalisée en 2021. Et à ce sujet, j'ai le plaisir de vous dire que l'association du centre a une nouvelle fois financé la venue du street artist Ernesto Novo pour remplacer cette fresque".

Des idées pour aménager le site

Le centre de mémoire, fermé depuis l'été dernier, et son parc d'un hectare, vont quant à eux être mis à disposition de la commune, à titre gracieux. "J'ai senti, en tout cas, lors des discussions que j'ai eues avec la fondation et le mouvement Emmaüs, que seule la commune était en capacité de prendre le relais pour donner un avenir à ce site qui, il y a quelques mois, n'avait aucun avenir" ajoute l'élu. Une municipalité qui a d'ores et déjà quelques idées pour aménager les lieux, comme la transformation du parc en jardin public et de la serre d'accueil en maison des associations, ou encore la proposition des deux gîtes en option lorsque la salle des fêtes est louée.

Un appel lancé aux collectivités

Mais c'est en revanche un peu plus flou concernant le manoir qui abritait le centre de mémoire. "Là, effectivement, Esteville n'a pas la capacité à porter seule un tel projet. J'en appelle au département, à la région Normandie, à l'État, au ministre des collectivités qui souhaite mettre en avant les territoires ruraux. Nous, on a besoin de tout le monde. On a l'audace, on a le courage, mais on n'a pas les compétences de transformer ce manoir, demain, en une maison médicale pluridisciplinaire, en une maison de repos, ou en un lieu d'action sociale. Beaucoup de pistes s'offrent à nous, mais nous avons besoin d'accompagnement" affirme Manuel Grente.