Terre d'Auge : le circuit court s'invite dans les assiettes
Publié : 29 août 2022 à 16h04 par Elodie Alcouffe-Quesnel
Du producteur à l'assiette : c'est la devise de la communauté de communes Terre d'Auge, qui applique son nouveau marché de denrées alimentaires à huit de ses dix cantines scolaires. Place, dès cette rentrée 2022, à des produits issus à 100% du circuit court.
"On a décidé de changer notre fusil d'épaule au sein des cuisines de nos cantines scolaires" : la communauté de communes Terre d'Auge prend un virage à 180 degrés pour cette rentrée. Les 750 repas préparés chaque jour pour les cantines des écoles de Beaumont-en-Auge, Blangy-le-Château, Bonnebosq, Bonneville-la-Louvet, Le Breuil-en-Auge, Reux, Saint-Philbert-des-Champs et Saint-Benoît-d’Hébertot seront issus de produits locaux, voire même pour certains, bio.
Une nouvelle stratégie
Un changement de stratégie qu'a rendu possible la fin du précédent marché d'approvisionnement en denrées alimentaires : "Jusqu'à maintenant, nous passions nos commandes via des groupes spécialisés le plus souvent par liaison froide, mais on réfléchissait depuis plusieurs années à mettre en avant les producteurs locaux. Quand ce fut le moment, nous avons foncé" explique Hubert Courseaux, président de l'intercommunalité.
L'impératif de quantité
Une appel a été lancé pour répertorier les différents producteurs du territoire : "Ils ont répondu par lot. Les maraîchers, les producteurs laitiers, de porcs, de boeuf, etc. Nous avons retenu ceux qui pouvaient nous fournir en quantité. Les autres ont été gardés de côté pour nous fournir en produit si jamais l'un des principaux fournisseurs venait à rencontrer un problème d'approvisionnement".
Six producteurs retenus
Six producteurs ont donc participé à l'aventure. Dans l'Eure, La Ferme de la Houssaye à Epaigne, spécialisée dans l'élevage de volaille ; Les Eleveurs du Pays d'Auge, basés à Coquainvilliers, qui fournissaient déjà la viande de boeuf aux cantines de Terre d'Auge ; Les éleveurs de la Charentonne, là encore pour la viande ; Rouen Marée pour le poisson ; Les Jardins de la Thillaye à Saint-Etienne-du-Thillaye, micro-ferme en permaculture pour les légumes ; La Ferme de la Chevrière, près de Lisieux, au Mesnil-Eudes pour les produits laitiers de chèvre.
De nouvelles perspectives
Pour Emilie Maquaire, à la tête de La Ferme de la Chevrière, cette initiative est une façon de mettre en lumière les petites exploitations comme la sienne. "On ne va pas se mentir, au début, j'avais peur de participer à un tel projet car je n'ai que 47 chèvres. Mais la communauté de communes est très ouverte et comprend nos contraintes en tant que petits producteurs. En tout cas, c'est un vrai clin d'oeil à notre façon de travailler. C'est-à-dire, en local autour du bien produire et du bien manger. On va pouvoir entendre parler de nous dans des secteurs où l'on n'a pas l'habitude de travailler".
Un projet qui, pour le maraîcher Jean Sécheret des Jardins de la Thillaye, va permettre d'impulser et de concrétiser de nouvelles ambitions. "On va rester sur un concept de micro-ferme en permaculture. On va agrandir de quelques centaines de mètres carrés nos terrains de production. Embaucher des ouvriers agricoles saisonniers. Mais l'idée est surtout de sensibiliser pour que des fermes comme la nôtre s'intallent aux alentours. Notre vocation est de nourrir quelques familles autour de chez nous. Ne pas avoir une agriculture de masse mais plutôt une masse d'agriculteurs qui nourissent les gens de manière très locale".
Un prix du repas très légèrement en hausse
Avec ce nouveau marché, reste la question du prix du repas : "C'est sûr que le circuit court coûte plus cher, mais nous avons fait le choix de ne pas le répercuter pleinement sur le prix du ticket de cantine. Il y aura une petite hausse de quelques centimes. On passera de 3,45 à 3,52 euros. C'est important pour nous que les enfants aient des produits de qualité dans l'assiette sans exploser le budget cantine des parents".
D'autres projets dans les cartons
La communauté de communes Terre d'Auge ne compte pas s'arrêter là. D'autres projets sont dans les cartons. Comme la construction d'une cuisine centrale sur la commune du Breuil-en-Auge. Cela permettrait aux écoles de Pont-l'Evêque et du Torquesnes de bénéficier des mêmes repas à base de produits locaux que les autres écoles du territoire.