Le Mans : le monde de la justice en colère

Manifestation justice Le Mans

Publié : 22 novembre 2022 à 19h06 par Jonathan Lateur

Une soixantaine de magistrats, d’avocats et greffiers ont manifesté ce mardi midi devant le tribunal du Mans. Ces professionnels de la justice réclament des moyens supplémentaires d’urgence.

Audiences qui durent jusque tard dans la nuit, pile de dossiers qui s’accumulent sur les bureaux, recours excessif aux heures supplémentaires : le monde de la justice a une nouvelle fois crié sa colère ce mardi 22 novembre. Au Mans, ils étaient une soixantaine réunis à la mi-journée devant le tribunal pour réclamer des renforts d’urgence : "Alors que la délinquance progresse, les effectifs du tribunal sont sous-dimensionnés. Pour rendre une justice de qualité, il faudrait une quinzaine de magistrats supplémentaires" explique Tiphaine Colliot, juge des contentieux et représentante du syndicat de la magistrature.

Ecoutez Tiphaine Colliot :

"Il y a du découragement"

Président d’audiences correctionnelles au tribunal judiciaire du Mans, Loïc Waroux est le premier témoin des dysfonctionnements liés au manque de personnel. Il a tenu à se mobiliser ce mardi : "La situation est vraiment catastrophique. Nous jugeons trop de dossiers par audience. Nous travaillons trop rapidement sans savoir si nos décisions sont toujours les bonnes. Les prévenus peuvent toujours faire appel mais ce n’est pas satisfaisant. Aujourd’hui, il y a du découragement car nous travaillons tous beaucoup, et nous ne sommes pas entendus. Ce que l’on voudrait, c’est davantage de moyens humains" confie le magistrat.

 

Ecoutez Loïc Waroux :

Un budget pas suffisamment en hausse

Si le budget de la justice va croître de 8% pour la troisième année consécutive en 2023, les magistrats mobilisés en Sarthe estiment que ces efforts consentis par l’Etat ne sont pas encore suffisants : "Il y a effectivement une énorme hausse mais elle permet d’abord de contrer l’inflation puisque les salaires augmentent aussi. Une autre partie sera consacrée à la création de 15 000 places de prison. Au final, sur le terrain, on ne se rend pas compte de cet argent en plus. Depuis quatre ans que je suis ici, je n’ai vu qu’une dégradation des conditions, et des départs à la retraite non remplacés" assure Clément Cheuret, représentant du syndicat UNSA.

Ecoutez Clément Cheuret :

Marietta Karamanli intervient à l'Assemblée 

Toujours en lien avec cette thématique, la députée de la 2e circonscription de la Sarthe, Marietta Karamanli, a interpellé le ministre de la Justice au sujet des affaires familiales ce mardi lors de la séance de questions au gouvernement : "Au tribunal du Mans, le délai pour obtenir une audience concernant une séparation ou la gestion de la garde des enfants est de 12 à 15 mois. Il faut des mesures d’urgence pour se prémunir d’aggraver des situations qui sont ordinaires. Que comptez-vous faire d'exceptionnel pour que les familles aient droit à une vraie justice, que les magistrats évitent le pire pour leur santé et les avocats retrouvent leur efficacité ?" interroge l'élue de gauche.