Le Mans : sur l'ancien stade, un projet à l'abandon ?

"Houla... Ce n'est plus dans nos plannings depuis un bout de temps, ça !" nous répond spontanément la représentante d'une entreprise engagée sur le chantier de reconversion de l'ancien stade Bollée, au Mans, jointe par téléphone ce lundi 24 février. Engagée... théoriquement : "Pour nous, ce n'est plus à l'ordre du jour, mais ça peut reprendre, sait-on jamais, d'ici quelques années sans doute, ce sera long. Et ce n'est pas plus gênant que ça, on n'avait encore rien démarré sur le site, on n'a rien perdu" ajoute-t-elle, concernant ce projet de construction d'une résidence senior, de plusieurs dizaines d'appartements et de quelques maisons individuelles sur les vestiges -méconnaissables s'il n'y avait pas encore l'imposante "tribune Chancel" avec son auvent métallique et ses gradins en béton armé- de la pelouse que foulaient autrefois les footballeurs professionnels du "Muc 72".

"On ne sait pas si ça va repartir..."

Autre intervenant, même son de cloche : "On n'a aucune nouvelle, on ne sait pas si ça va repartir..." lâche, résigné, cet entrepreneur dont le nom figure aussi sur le permis de construire accroché à la grille fatiguée de l'ancienne arène sportive où, depuis près de deux ans, rien ne se passe. Ou presque, car il y a quelques jours, a été démonté tout le linéaire d'échafaudages qui entourait un premier immeuble dont seuls trois niveaux de maçonnerie brute ont été achevés : cette partie "gros oeuvre" avait été confiée à l'entreprise "Le Feuteun Val de Loire", laquelle, contactée, assure que les travaux ne sont pas annulés. Mais là encore, il y a comme un flottement : la personne en charge jusqu'ici de la "conduite" du chantier manceau, ne s'en occupe plus et n'a pas été remplacée alors, reconnaît-elle, qu'il y a encore "des petites choses à terminer" et qu'il reste "du matériel sur place".

Un promoteur en redressement judiciaire

Bien qu'il s'agisse d'une réalisation privée, la municipalité porte un regard attentif au devenir de ses anciennes installations, qui furent le lieu des plus belles années du football manceau : "Je suis dans le flou mais il semblerait que la situation puisse se débloquer prochainement, je suis à ce jour dans l'expectative" glisse simplement Christophe Counil, l'élu en charge des projets d'urbanisme pour la capitale sarthoise. La clé de "l'énigme" réside probablement chez le promoteur angevin "P2i" qui pilote le projet et qui a été placé en redressement judiciaire le 14 novembre dernier : "Tous les chantiers perdurent" assurait pourtant le patron, Gilles Madre, à nos confrères de Ouest-France, écartant alors l'éventualité d'une liquidation sur un marché de l'immobilier "en crise" soulignait-il, mettant en avant "un recul des ventes de l'ordre de 40%".