Dans le Vendômois, on se mobilise pour sauver le dernier TGV du matin

On pourrait dire que c’est le TGV du bisou aux enfants le matin... "Mon mari rentre tous les soirs de Paris vers 22h30. Ce train du matin, c’est le seul qui lui permet de voir ses enfants et de les emmener à l’école avant qu’il ne retourne travailler". Mathilde ne décolère pas depuis le 8 avril, date de l’annonce de la suppression du TGV au départ de Villiers-sur-Loir à 8h46 pour une arrivée gare Montparnasse à Paris à 9h30. Et elle est loin d’être seule dans son indignation... Lucie surenchérit : "Je travaille à Blois, et il est impossible pour moi d’emmener les enfants à l’école, les garderies n’ouvrent qu’à 7h30 si bien que c’est mon mari qui les emmène avant de prendre le 8h46" explique l’ancienne Parisienne installée à Vendôme depuis quatre ans. "Il faudra nous réorganiser, peut-être prendre une nounou pour les déposer à l’école, avec les coûts que cela implique" se désole-t-elle déjà.

Abonnés et coûts en hausse

Ainsi, la décision de la branche TGV Atlantique de la SNCF impacte le quotidien des navetteurs, et de leurs familles par ricochet. Mais pas seulement : "Beaucoup de cadres de santé ou d’entreprise viennent quotidiennement de Tours pour prendre leur poste à Vendôme par ce train" assure Nicolas Haslé, vice-président de la communauté d’agglomération "Territoires Vendômois" en charge des mobilités, qui déplore aussi les conséquences en termes d’attractivité pour de futures implantations d’entreprises : "Ça peut même remettre en cause certaines installations". Alexandre Barbot, président de l’ASUTGV, l’association des usagers de la ligne, n’a quant à lui pas de mots assez durs pour dénoncer "une logique purement commerciale" injustifiée d’autant que selon lui, le nombre d’abonnés a augmenté de 18% entre 2023 et 2024... tout comme le coût de l’abonnement qui a pris encore 5% en avril pour atteindre les 587 euros par mois pour un usage du lundi au dimanche.

Arrivée à Paris à 11h au lieu de 9h30

Chaque matin depuis le début de la semaine, des représentants des usagers et des élus investissent la gare "Vendôme-Villiers-sur-Loir TGV" avec café et croissants afin d’échanger avec les voyageurs. Et depuis ce mercredi 23 avril, on parle beaucoup de l’alternative proposée par la SNCF : l’arrêt d’un TGV venant directement de Bordeaux à 10h06 dans la gare loir-et-chérienne pour arriver à Paris à 10h56. Selon le maire de Vendôme, Laurent Brillard, "c’est inacceptable, car un train qui arrive à 11h, ça ne répond pas aux attentes des usagers", notamment les personnes qui ont des rendez-vous médicaux ou des étudiants. Sans parler des touristes... Autre problème, ce train ne marquant plus d’arrêt en Touraine, les navetteurs tourangeaux vers Vendôme devront se rabattre sur l'offre plus tôt le matin. "De toute façon, la SNCF n’écoute plus les usagers" déplore Alexandre Barbot : les élus prennent donc le relais, alors qu’une pétition populaire sur Change.org est en passe d’atteindre les 4 500 signatures.