Blois : Leïla Slimani ou l’histoire du point de vue de l’intime
Publié : 12 octobre 2024 à 13h58 par Nicolas Terrien
L’écrivaine française et marocaine Leïla Slimani est venue à Blois dans le cadre des "Rendez-vous de l'Histoire", millésime 2024. Et c’est sous sa présidence d’honneur que le salon du livre ravit les festivaliers. Rencontre.
Sweet FM : Qu’est-ce qui vous a incitée à accepter la présidence du salon du livre sur cette édition 2024 des Rendez-vous de l’Histoire à Blois ?
Leila Slimani : Déjà, c’est un grand honneur. Ça fait plusieurs années qu’on me le proposait, deux années de suite, et je n’ai jamais pu pour des questions d’agenda. Les organisateurs ont été très tenaces et très fidèles en continuant à me le proposer, jusqu’à ce que ce soit possible. Du coup, je suis très heureuse d’être là !
Quelle place occupe l’histoire dans votre travail littéraire ?
L’histoire est au cœur de ma trilogie "Le Pays des autres" que je publie depuis 2020, puis "Regardez-nous danser" avant le dernier qui sortira en janvier. Elle retrace à la fois l’histoire du Maroc, et également l’histoire des relations entre la France et le Maroc depuis les années quarante.
Mais toujours sous le regard intime des personnages...
Oui, je pars toujours de là, mais en essayant quand même d’élargir à des situations historiques, en racontant les grands événements qui ont jalonné la vie de mes personnages. Qu’on la comprenne ou pas, l’histoire s’introduit dans nos vies, qu’on en soit un acteur ou qu’on la subisse. Elle est toujours là, et on ne peut pas vraiment s’en défaire.
Que vous inspire la thématique de "la ville" retenue pour cette édition 2024 ?
Elle m’a beaucoup intéressé. Les lieux sont importants. Dans mes deux premiers romans, c’est Paris, ou un certain Paris, celui de l’est parisien qui m’a toujours fascinée et dans lequel j’ai vécu pendant vingt ans. Et dans ma trilogie, ce sont ces villes marocaines qui ont leur histoire propre et leur atmosphère.
Il faut patienter jusqu'à janvier 2025 pour lire le dernier tome de votre trilogie ! L’attente est longue...
Pour moi aussi ! Car j’ai envie de parler de ce nouveau livre. Je suis donc très impatiente. Le plus difficile est de ne pas spoiler dans mes rencontres, mais je suis surtout contente de voir que les lecteurs l’attendent pour le lire et le découvrir.
Vous avez contribué à l’écriture du scénario de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris avec Thomas Jolly. Quel souvenir en gardez-vous ?
Ça m’inspire encore de la fascination et de l’émerveillement, un sentiment presque magique ! Je trouve ça incroyable entre le moment où l’on a commencé à écrire enfermés dans un bureau, et ce que c’est finalement advenu, avec des millions voire des milliards de gens qui l’ont regardée... J’en reste émerveillée.
Nous avons encore tous en tête des temps forts de cette cérémonie. Y en a-t-il un en particulier qui porte votre empreinte ?
Non, aucun en particulier. Ça a été tellement été un travail collégial qu’il est impossible d’un tirer un moment qui serait plus de moi. Et c’est ça qui était vraiment beau dans ce projet, ce travail d’équipe.
Et comment avez-vous accueilli les réactions -excellentes comme mauvaises- qu’ont pu susciter cette cérémonie ?
Très bien, en fait. Je connais mon époque et je sais comment ça marche. Il faut bien faire parler, cliquer, polémiquer... Tout cela passe aussi vite que ça arrive. Je pense à ce qui restera : la beauté, l’émerveillement et ce grand moment de communion.
Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?
Sur rien ! Je suis en vacances ! Je viens de terminer mon dixième livre en dix ans, donc là, je laisse un peu reposer, en réfléchissant à de nouvelles idées.