Loir-et-Cher : Philippe Gouet donne le cap pour 2022
27 janvier 2022 à 19h20 par Nicolas Terrien
Quasiment inconnu en juillet 2021, le vendômois est devenu président du Conseil départemental. Depuis, il doit composer avec une majorité hétéroclite, face à une opposition qui l’est tout autant. Entretien.
Comment votre collectivité traverse-t-elle cette période de contamination galopante de Covid-19 dans sa variante omicron ?
Philippe Gouet : Déjà, le Conseil départemental a correctement géré cette crise sanitaire. Une cellule de crise est en place et elle gère au jour le jour toutes les problématiques liées aux personnels positifs, aux cas contact et aux arrêts de travail. Le télétravail est en œuvre à raison de trois jours par semaine, voire quatre si les personnes le souhaitent. Comme tous les loir-et-chériens, nos agents ont bien respecté les gestes barrières. Nous avons un des taux d’incidence les plus bas du Centre Val de Loire et même de France. Ce civisme se ressent dans tous les services.
Pour 2022, vous affichez une grande priorité : la santé !
J’ai mis en place une commission d’experts avec des médecins, des spécialistes, des hospitaliers, des libéraux, ainsi que des spécialistes de l’économie de la Santé. Fin février, je présenterai les grandes lignes de la politique de la santé pour notre département. Ce n’est plus un scoop : notre démographie médicale est inquiétante, voire dramatique. Il faut donc faire des propositions fortes.
Dans quelles directions ?
Il faut déjà généraliser PAÏS (la plateforme alternative d’innovation en santé qui assure la permanence des soins. Un dispositif en place à Saint-Georges-sur-Cher depuis 2009, ndlr). Ce système fonctionne très bien. Je voudrais aussi mettre en place un centre départemental de télémédecine. Je crois qu’il faut aller vers cela pour disposer de consultations rapides lorsque l’on n’a pas de médecin traitant. Là encore, cela permettra de désengorger les urgences hospitalières.
Qu’en est-il des solidarités, un des champs de compétence majeur du Département ? Et du versement du RSA ?
Notre budget, c’est 416 millions d’euros, et les solidarités en représentent 60% ! Elles concernent les personnes âgées, l’enfance, la famille, la jeunesse, les personnes en situation de handicap, l’insertion... Pour les personnes âgées, nous allons encore favoriser le maintien à domicile. Concernant le RSA, les chiffres n’ont pas explosé dans le département, comme on aurait pu l’imaginer avec la crise sanitaire. En juillet dernier, nous avons donc mis en place un dispositif de cumul emploi-RSA qui permet à l’allocataire de toucher le RSA pendant deux trimestres en marge de leur job. Le but est de leur permettre de s’insérer encore mieux dans leur emploi.
Vous affichez un budget d’investissement de 66 millions d’euros. Quels seront les grands chantiers de l’année ?
Il y aura déjà les infrastructures routières. Je rappelle que nous entretenons 3 424 kilomètres de routes et 693 ouvrages d’art (ponts). Nous allons engager 26 millions d’euros sur nos routes, notamment pour la déviation de La Chaussée-Saint-Victor qui est à l’étude. Il y aura aussi des travaux de rénovation importants sur les ponts, notamment sur le pont Charles De Gaulle à Blois. La passerelle sur la Loire entre La Chaussée et Vineuil est en train de se finaliser. Nous avons d’ailleurs la confirmation de l’Etat pour un engagement à hauteur de 3,6 millions d’euros. Mais les travaux ne devraient pas démarrer avant 2023. Nous investirons 1,5 millions d’euros aussi sur les mobilités douces, avec déjà une piste cyclable entre Blois et Molineuf dont les travaux sont pratiquement terminés. Sur les collèges, nous ambitionnons d’en rénover complètement un par an. Cela nous permettra notamment d’y installer des panneaux photovoltaïques sur le toit afin de rendre les établissements plus autonomes au niveau de leur consommation énergétique. Pour cette année, le choix du collège n’est pas encore arrêté. Des évaluations techniques sont en cours. Sinon, nous allons poursuivre les rénovations des collèges de Neung-sur-Beuvron, de Saint-Amand-Longpré et de Bracieux.
Le début de votre mandat a été assez houleux, avec une élection à la plus courte des majorités sur fond de soupçons sur la gestion de votre prédécesseur, des demandes d’audit externe... Huit mois plus tard, cette tension est-elle toujours aussi palpable ?
J’espère honnêtement que tout cela est derrière nous et que l’on va aller de l’avant. Dès mon élection en juillet, j’ai demandé aux services de faire une étude en interne sur l’ensemble des sommes versées aux associations. Il a été démontré que pas un centime n’a été versé sur les associations de Nicolas Perruchot. Quant à la pression de l’opposition pour obtenir un audit externe, je n’en voyais pas l’intérêt. Les services ont d’ailleurs très mal vécu cette suspicion à leur égard... J’ai donc demandé un audit interne sur nos marchés, accompagné de préconisations pour encore améliorer la gestion de notre collectivité. J’ai aussi sollicité la Cour régionale des comptes pour qu’elle se saisisse de cinq dossiers que l’opposition martelait. Je ne peux pas faire mieux !
Un membre initial de votre majorité a rallié Éric Zemmour. Il s’agit de Guillaume Peltier. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je vais être très honnête avec vous : je suis très déçu. Je pensais que Guillaume Peltier ne franchirait pas le Rubicon Zemmour. Je l’avais prévenu devant les membres de la majorité. S’il venait à rejoindre Zemmour, il devrait quitter sa co-présidence du groupe majoritaire UPLCI et même quitter le groupe, ce qu’il a fait dans les 24 heures. Ensuite, j’entends des voix dans l’opposition telles « Guillaume Peltier ne doit pas voter avec vous... » Guillaume Peltier reste conseiller départemental. Il est indépendant, et je ne peux pas l’empêcher de voter.
Une majorité de 15 sur 30 élus, ça paraît plutôt juste...
Oui, mais je vous ai dit que je veux une majorité de projets, et je vais continuer à travailler dans ce sens. C’est cette majorité qui m‘importe, pas celle des couleurs. Pour faire avancer notre territoire, pour faire avancer le Loir-et-Cher.
Soutenez-vous un(e) candidat(e) à la Présidentielle ?
Vous le savez, dans un premier temps, j’ai soutenu Xavier Bertrand. Je suis encarté à l’UDI et j’assisté au congrès le 22 janvier où est intervenue Valérie Pécresse. Je l’ai entendu sur la sécurité, l’industrie, la politique européenne, la solidarité... J’ai été assez enthousiaste. Je la sens aussi à l’écoute d’autres structures politiques qui la soutienne, comme l’UDI.