Appli chinoise qui espionne les touristes : un Loir-et-Chérien témoigne

SWEET FM
Crédit : Nicolas Terrien

5 juillet 2019 à 9h00 par Jonathan Lateur

Dans la province du Xinjiang en Chine, le réseau de surveillance électronique mis en place par Pékin ne se limite plus à la minorité musulmane. Un logiciel espion est aussi installé systématiquement sur le téléphone des touristes de passage. Un Loir-et-Chérien en a fait l'expérience.

Merci de déposer vos données à l’entrée. Dans la province du Xinjiang, les autorités chinoises ne se contentent plus d’espionner la minorité musulmane des Ouïghours qui vit sur place. Comme l’ont révélé plusieurs médias internationaux, Pékin a désormais étendu son réseau de surveillance électronique aux touristes de passage dans cette région située à l’ouest du pays. A la frontière, les agents des douanes exigent le téléphone des visiteurs en plus de leurs papiers d’identité. C’est à ce moment-là qu’un mouchard y est installé : "Nous avons nous-mêmes subi l’installation forcée de cette application en quittant le Xinjiang pour le Kirghizistan" témoigne Nicolas Terrien, journaliste de Sweet FM Blois, passé par cette frontière le 27 mai dernier. Ce logiciel espion a pour but de glaner le maximum d’informations possibles sur l’utilisateur comme la liste des contacts, les derniers numéros appelés, sms envoyés, les données de géolocalisation, les applications installées ou encore les spécificités techniques du téléphone, pour ensuite les transmettre à la police note "The Guardian" dans son article.

Une demi-journée pour passer la frontière

En théorie, les étrangers n’auraient jamais dû avoir connaissance de cette opération, car l’application intitulée "Feng cai" est effacée après avoir servi "mais certains agents oublient de le faire" complète le quotidien britannique à l’origine de la révélation. En plus d’avoir été contraint de laisser le gouvernement chinois accéder à toutes les données privées contenues dans son smartphone, Nicolas Terrien et sa compagne, partis du Loir-et-Cher en janvier pour un tour du monde, ont subi un traitement spécial en quittant le Xinjiang : "Ce poste frontière est le plus délirant qu'on ait jamais vu avec des fouilles complètes tous les 50 mètres. Le passeport a dû au total être vérifié une bonne quinzaine de fois uniquement sur le passage de la frontière. Au total, rien que le passage côté chinois aura pris une bonne demi-journée passée à se faire scanner aux rayons x, fouiller, interroger, vérifier encore et encore notre identité comme si nous avions pu falsifier le passeport durant les 20 mètres nous séparant du dernier check-point... Absolument délirant... Et encore, nous ne sommes pas Ouïghours, ni looks-like" ironise notre collègue journaliste.