Center Parcs : avis favorable pour l’extension aux Barils

SWEET FM
Le site Center Parc des Barils
Crédit : Center Parcs

14 octobre 2019 à 15h39 par à‰lise Catalanotti

Le commissaire enquêteur a rendu ses conclusions en fin de semaine dernière sur le dossier d'extension du site Center Parcs des Barils qui a mobilisé contre lui plusieurs associations de protection de l'environnement. Et il donne donc son feu vert aux travaux. Mais en émettant quelques réserves.

Envolé, le faible espoir des opposants au projet d'extension dans l’Eure du site Center Parcs des Bois-Francs, près de Verneuil-sur-Avre. Ils s’étaient mobilisés en nombre lors de l’enquête publique sur les communes de Pullay et des Barils. Des remarques très critiques avaient été portées au registre ouvert pour cette consultation qui s’est achevée le 6 août dernier. Et devant le nombre des questions soulevées, concernant aussi bien l’alimentation en eau potable du site, son assainissement, le risque d’inondation, le commissaire-enquêteur avait réclamé un mois de plus pour affiner son jugement. Le couperet est tombé ce vendredi 11 octobre dans la soirée.

Avis favorable avec réserves

Les conclusions de José Lacheray, commissaire-enquêteur, ont été mises en ligne sur le site internet de la préfecture euroise. Il a reçu en tout 94 observations, par écrit ou sur internet. C‘est sans doute le plus gros investissement touristique actuel en Normandie. Pour porter la capacité d’accueil de ce site à 6 500 personnes, le groupe Pierre et Vacances va investir 170 millions d’euros. Il entend créer 320 cottages supplémentaires sur ce parc, le premier ouvert en France, qu’il voudrait équiper de la plus grande piscine d’Europe. L’Aquamundo passerait ainsi de 5 à 7000 mètres carré.

Le risque de pénurie d'eau

135 000 mètres cube d’eau en plus seraient nécessaires par an au fonctionnement du site. Les habitants qui avaient manifesté leur inquiétude pendant l’enquête redoutaient une pénurie d’eau, en particulier l’été. Le seuil de crise sécheresse a ainsi été franchi cette année pour le bassin de l'Avre amont. De quoi soulever l’incompréhension de l’association "Le Pic Vert des Bois Francs" : "C’est quelque chose qui se reproduit régulièrement d’une année sur l’autre, ces sécheresses" explique Aurélie Serry, sa présidente, qui se demande "par quel miracle Pierre et Vacances peut exiger des quantités pharaoniques d’eau, alors que la source Gonord à Verneuil est à son maximum d’activité. On parle de 846 000 mètres cube pompés en 2017, alors que le volume autorisé est de 850 000".

Deux canalisations de six kilomètres

Le commissaire-enquêteur estime que le Syndicat Intercommunal à Vocation Unique de Verneuil Est sera en mesure de fournir le site en eaux potables, grâce notamment à la création d’une canalisation de six kilomètres le long des routes et voiries, financée par le groupe Pierre et Vacances. Il assure également que la station du SEPASE, Syndicat d’Eau Potable et d’Assainissement Collectif du Sud de l’Eure aura la capacité d’accueillir les effluents du domaine tout entier. A condition de raccorder le projet au réseau d’assainissement de Verneuil-d’Avre-et-d’Iton, grâce à un linéaire là encore de six kilomètres.

Le problème de la déforestation

Par ailleurs les 36 hectares de surfaces boisées à défricher seront compensées en nature. Reste à valider les conventions encadrant ces compensations sur 108 hectares en tout -un coefficient de 3 a été appliqué pour calculer l’étendue de ces parcelles-. Les opposants du "Pic Vert" ont déposé un mémo contre ce dossier en collaboration avec une autre structure locale. Parmi les autres arguments : les menaces pesant sur des espèces protégées, principalement des oiseaux et des chauve-souris. Le groupe Pierre et Vacances avait d’ailleurs demandé des dérogations à cette règlementation. A ce sujet le commissaire précise que des nichoirs vont être installés et se fie aux promesses du porteur du projet de ne pas utiliser de produits phytosanitaires et d’engrais chimique.

Deux réserves et deux recommandations

Certains secteurs peuvent être désormais considérés comme zones humides : le commissaire-enquêteur préconise donc de compléter le dossier en ce sens. En outre, il pose trois conditions à la faisabilité du projet : que les conventions déterminant les compensations forestières, l'alimentation du site en eau potable et la récupération des eaux usées soient validées en amont. Enfin il recommande de mettre en place un système de récupération d'eau sur le site pour limiter la consommation d'eau potable. Et d’analyser aussi bien les énergies renouvelables exploitables que les matériaux de construction des cottages pour limiter la dépense énergétique. A la lecture de ce rapport, généralement suivi par les autorités, et en attendant que la préfecture de l’Eure se prononce, "Le Pic Vert des Bois Francs" devrait probablement étudier les recours possibles en justice.