Course-poursuite à Blois : la police est mise hors de cause

SWEET FM
Crédit : Préfecture de Loir-et-Cher

22 mars 2021 à 0h44 par La rédaction

Dans la soirée du mardi 16 mars, un accident qui s'avérera fatal survenait dans la "ZUP" de Blois, préambule à une nuit de violences urbaines. Peu avant que sa voiture ne termine sur le toit, le chauffard tentait d'échapper aux policiers lancés à ses trousses. Cinq jours après les faits, le parquet écarte la responsabilité directe des forces de l'ordre.

Dans un communiqué détaillé, Frédéric Chevallier, procureur de la République, clarifie les circonstances de l’accident survenu dans les quartiers nord de Blois, dans la soirée du mardi 16 mars : "A 18h24, une Volkswagen Golf, occupée par trois personnes, toutes les trois masquées et dont au moins deux sont porteuses de capuches sur la tête -un conducteur, un passager avant et un passager arrière- circule rue Buffon à vive allure, franchit dans les mêmes conditions le feu rouge au fixe et tourne à droite dans l’avenue de France, direction avenue de Vendôme" explique-t-il. Présent sur les lieux pour veiller au respect du couvre-feu normalement en cours depuis une vingtaine de minutes, "un véhicule de patrouille banalisé de la DDSP actionne alors ses moyens lumineux et sonores afin d’inviter le conducteur de la Golf à s’arrêter". Mais ce dernier choisit alors de défier la police.

La chasse devenait trop périlleuse

"La Golf progresse à vive allure, en franchissant des feux rouges, en se déportant sur la voie de gauche. Les policiers suivent en veillant, notamment aux intersections, à ralentir tout en maintenant un contact visuel. Les barrages statiques mis en place par des voitures de police restent sans effet puisque le conducteur de la Golf les déjoue en prenant des risques pour les contourner" détaille Frédéric Chevallier. Alors que le chauffard persiste sur sa dangereuse lancée, les forces de l’ordre elles, lèvent le pied : "Les conditions de cette poursuite devenant trop dangereuses, il est demandé aux voitures de police engagées, par un message radio diffusé à 18h42, de rompre la poursuite" fait savoir le procureur de la République. Quelque secondes plus tard, survient le carambolage qui se révélera fatal : "A 18h43, il est annoncé l’accident, l’ensemble des échanges radio entre les voitures de police banalisée ou sérigraphiées engagées et le commissariat central ayant été saisis, retranscrits et intégrés dans l’enquête".

Plusieurs feux rouges franchis

"Il est objectivement établi, à ce moment de l’enquête en cours, qu’au moment de l’accident, la Golf n’était plus poursuivie par quelque véhicule de police que ce soit" affirme Frédéric Chevallier, soulignant que "cet élément sera d’ailleurs confirmé par le conducteur de la Golf lui-même lorsqu’il sera entendu lors de sa garde à vue" et qu’en outre, "aucun usage des armes n’a été opéré par aucun policier durant l’ensemble de ces faits". Malgré tout, dans les secondes qui ont précédé la perte de contrôle, le chauffard a de nouveau franchi un feu rouge à une intersection, allant percuter coup sur coup un Volkswagen Sharan puis une Renault Clio, véhicules dont les deux conductrices venaient de démarrer au feu vert : l’une comme l’autre, heureusement sorties de leurs voitures sans blessures graves -la première s’est retrouvée "enveloppée dans les airbags" de son propre témoignage-, ont déposé plainte après s’être soumises à des examens de contrôle à l’hôpital.  

L'un des passagers prend la fuite

Dans la Golf accidentée, le passager arrière, décédé depuis à l’hôpital de Tours où il avait été immédiatement transporté, "présentait un traumatisme crânien gravissime et un traumatisme abdomino-pelvien grave avec choc hémorragique, l’ensemble étant compatible avec un accident de la voie publique à haute cinétique" peut-on lire dans le rapport du médecin l’institut médico-légal. "Il doit être précisé qu’aucun des passagers du véhicule n’était porteur de sa ceinture de sécurité, ce qui peut expliquer les déplacements des uns et des autres dans le choc violent au moment de l’accident" ajoute le parquet de Blois. Le passager avant, un Blésois âgé de 16 ans, connu de la justice, a fui au moment de l’arrivée de la police sur la zone de l’accident : finalement interpellé, il a été entendu lors de sa garde à vue pour "non-assistance à personne en danger"... Ses explications, selon lesquelles il était "parti en courant" chez son père pour le prévenir que deux amis venaient d’avoir un accident, n’ont pas convaincu. Il a été placé en foyer éducatif en dehors du Loir-et-Cher.

Déja condamné pour défaut de permis

Le conducteur de la Golf enfin, "identifié grâce à l’excellent travail mené par les policiers de Blois" indique Frédéric Chevallier, a semble-t-il joué la carte de la transparence face aux enquêteurs l’interrogeant sur la raison pour laquelle il n’a pas obtempéré lorsqu’on lui a fait comprendre qu’il fallait s’arrêter :  "Je n’avais pas de permis, les autres de la voiture ne voulaient pas, j’ai déjà été arrêté deux fois pour défaut de permis de conduire et j’ai eu peur de partir en prison. Un des deux gars qui étaient avec moi m’a dit d’accélérer parce qu’il y avait le Skoda de la police, mais je ne sais pas lequel des deux" leur a-t-il répondu. Cet individu, âgé de 18 ans et 9 mois, déjà connu des services de la justice et condamné notamment pour conduite sans permis, demeurant lui-aussi à Blois, a par ailleurs été dépisté positif au cannabis : présenté ce samedi 20 mars au parquet, il a été mis en examen pour refus d’obtempérer, homicide et blessures involontaires aggravés. Puis incarcéré.