COVID-19 : Cyclamaine veut dispenser les cyclistes du port du masque

SWEET FM
Un cycliste rue des Marais au Mans
Crédit : Jonathan Lateur

2 septembre 2020 à 10h32 par Jonathan Lateur

Alors que l'obligation de porter un masque s'applique désormais au Mans et à Sablé-sur-Sarthe, l'association Cyclamaine écrit au préfet de la Sarthe pour que les cyclistes en soient dispensés.

Dans la Sarthe, il est désormais obligatoire de porter un masque lorsqu’on se déplace dans certaines zones très fréquentées du Mans et de Sablé. Une décision prise conjointement par le préfet et les maires de ces deux communes qui concentrent la majorité des nouveaux cas de COVID-19. L’arrêté préfectoral publié par les autorités précise que cette mesure s’applique aux personnes de onze ans et plus, y compris les cyclistes et joggeurs. Un choix qui interpelle et fait réagir l’association Cylamaine. Ces militants pro vélo viennent en effet d’écrire au représentant de l’Etat afin d’obtenir des précisions sur ses intentions. Dans cette lettre, envoyée également aux maires concernés, Cyclamaine s’interroge sur l’intérêt de cette nouvelle règle : "Se déplacer à vélo est en soi un geste barrière et doit être encouragé, pas entravé. Sur la chaussée, l’utilisation de divers véhicules dont les vélos entraîne naturellement le respect de distance de sécurité entre usagers. En outre, le contact avec l’air extérieur est similaire pour une personne à vélo, à deux-roues motorisé, en voiture fenêtres ouvertes ou décapotée".

L’exemple parisien

Pour appuyer sa demande, Cyclamaine fait également référence au rétropédalage qui s’est produit à Paris sur ce même sujet. Après avoir dans un premier temps étendu aux cyclistes l’obligation de porter un masque, la préfecture de police a finalement fait marche arrière : "Après avis des autorités médicales régionales, les usagers des modes de circulation douce tels que les vélos ou les trottinettes ne sont pas concernées par cette obligation, dans la mesure où, étant de passage, ils ne font pas courir de risque de contact dans les voies dans lesquelles ils circulent" écrit le préfet de police dans un communiqué en date du 12 août. Et Cyclamaine de conclure : "Toute distinction qui ferait des cyclistes les seuls utilisateurs de la chaussée soumis à l’obligation de port du masque nous apparaîtrait donc discriminatoire". Interrogé par nos soins sur cette question, le secrétaire général de la préfecture, Thierry Baron, a pour sa part estimé qu’il n’y avait pas lieu de faire de distinction entre piétons et cyclistes tout en n’excluant pas de faire évoluer prochainement la mesure d’obligation du port du masque.

Découvrez la lettre envoyée par Cyclamaine au préfet : 

Monsieur le préfet,

Par arrêté du 13 août 2020, vous rendez obligatoire le port d'un masque “dans les zones de la ville du Mans où le respect des distances est rendu difficile par la forte fréquentation”. Dans un communiqué de presse conjoint avec le maire du Mans et publié le même jour, vous précisez faire interprétation de cette mesure comme s'appliquant aux personnes “de onze ans et plus (piétons, cyclistes, joggeurs...)”.

Ce choix d'exemples peut être compris comme une distinction selon le seul mode de transport, et non selon l’espace dans lequel les habitants circulent.

Comme vous le savez, les déplacements à vélo sont effectués sur la chaussée, parfois dans une voie réservée, parfois dans la même voie que les véhicules motorisés ; en tous cas pas sur le trottoir. “Piétons, cyclistes et joggeurs”, pour reprendre votre exemple, ne sont mélangés que dans les cas particuliers des rues piétonnes et des voies vertes.

Cette confusion n'est donc pas justifiée. Or elle risque de dissuader l'usage d'un mode de transport qui permet la distanciation, libéré de l'espace public, améliore la qualité de l'air et permet une activité physique bénéfique pour la santé en général et le système immunitaire en particulier. Pour toutes ces raisons, l'OMS encourage le choix du vélo pour les déplacements "pendant et après la pandémie" ; le gouvernement et un grand nombre de collectivités locales ont pris ces derniers mois une série de mesures pour développer l'usage du vélo.

Se déplacer à vélo est en soi un geste barrière et doit être encouragé, pas entravé.

Nous vous demandons donc de préciser où et a qui vous entendez faire appliquer cette mesure, au Mans comme à Sablé.

Dans les rues piétonnes, qui représentent une portion des rues du Mans concernées par votre arrêté, il est effectivement impossible de garantir le respect d'une distance donnée en toutes circonstances. Mais c'est la notion de contact, également caractérisée par une durée, qui détermine le risque de contagion. Ainsi votre homologue de la préfecture de police de Paris, qui a également rendu le port du masque obligatoire dans les zones à forte fréquentation, précise-t-il dans un communiqué du 12 aout 2020 : “après avis des autorités médicales régionales (...) Les usagers des modes de circulation douce tels que les vélos ou les trottinettes ne sont pas concernés par cette obligation, dans la mesure où, étant de passage, ils ne font pas courir de risque de contact dans les voies dans lesquelles ils circulent.”

Sur la chaussée, l'utilisation de divers véhicules dont les vélos entraine naturellement le respect de distances de sécurité entre usagers. En outre, le contact avec l'air extérieur est similaire pour une personne à vélo, a deux-roues motorisé, en voiture fenêtres ouvertes ou décapotée. Toute distinction qui ferait des cyclistes les seuls utilisateurs de la chaussée soumis à I’obligation de port du masque nous apparaitrait donc discriminatoire.

Dans l’attente de votre réponse, veuillez recevoir, monsieur le préfet, nos salutations respectueuses.

Le conseil d'administration de Cyclamaine.

 

Copie : M. le délégué départemental de I'ARS, M. le maire du Mans, M. le maire de Sablé-sur-Sarthe.