Economie : en Sarthe, les défaillances d’entreprises sont en recul de 31% cette année
Publié : 7 décembre 2020 à 15h43 par Jonathan Lateur
Malgré le contexte sanitaire, le tribunal de commerce du Mans a enregistré un recul important des défaillances d'entreprises pour l'année 2020. Entretien avec Bernard Gaudret, président de la juridiction.
Pas la bérézina annoncée. Au tribunal de commerce du Mans, où se font connaître les sociétés dites en état de "cessation de paiement", les temps sont plutôt calmes à en croire le président. Bernard Gaudret, qui compte-tenu de la crise sanitaire actuelle et des confinements successifs, s’attendait à vivre de derniers mois bien plus délicats : "A la fin du mois de novembre, les défaillances d’entreprises étaient en recul de 31% par rapport à 2019. Honnêtement, je m’attendais à connaître un raz-de-marée en juin après le déconfinement. Mais comme il ne s’est pas produit, j’ai dit à mes collaborateurs que le mois de septembre serait terrible, hors cela ne s’est pas produit non plus. Pour autant, il va forcément y avoir un rattrapage, notamment pour le petit commerce. La question est de connaître son ampleur" commente l’intéressé.
L’effet "anesthésiant" des aides gouvernementales
Dans la Sarthe, depuis le début de la crise sanitaire, 23 490 entreprises ont pu bénéficier de reports de cotisations sociales, à hauteur de 142 millions d’euros. 3 069 ont également sollicité un prêt garanti par l’Etat pour un montant total de 460 millions d’euros. Des dispositifs de soutien, en plus du mécanisme de chômage partiel, qui ont pu maintenir artificiellement en vie certaines sociétés : "Cela a eu un effet un peu anesthésiant sur des entreprises qui normalement seraient venues devant le tribunal parce qu’elles sont structurellement déficitaires, sorties du marché ou à cause d’un conflit entre actionnaires. Ces aides des pouvoirs publics ont agi comme des bouées de sauvetage mais nous nous attendons à les voir prochainement. D’autant plus qu’il faudra bien rembourser les prêts garantis par l’Etat" poursuit Bernard Gaudret.
La crise, aussi une "opportunité"
Si le petit commerce est, sans conteste, le secteur qui souffre ou qui risque de souffrir le plus des conséquences de la crise actuelle, certains patrons ont aussi su mettre à profit les mois écoulés pour se réinventer ou initier de nouveaux projets : "C’est l’aspect positif de la période que nous vivons. Cela a permis d’offrir du temps à certains pour prendre du recul ou mettre en œuvre de nouvelles choses. J’ai été frappé de voir dans la presse des chefs d’entreprises expliquer qu’ils en avaient profité pour relooker leur boutique, réorganiser leur stock, se mettre à l’informatique ou à la vente à distance. Je pense que lorsqu’on sortira de la crise, ce sont des entreprises qui seront prêtes à reprendre la partie, et à l’inverse celles qui n’auront pas saisi cette opportunité, connaîtront davantage de défaillances" conclut le président du tribunal de commerce.