En Sarthe, des psys nous attendent désormais sur un ring
Publié : 19 octobre 2017 à 22h15 par à‰lise Catalanotti
La psychoboxe arrive en Pays-de-la-Loire. Cette thérapie innovante obtient des résultats surprenants auprès des personnes qui ont des accès de violence. Elle a été expérimentée ces derniers mois à Allonnes par l'association Montjoie.
C’est une première. Deux Sarthois développent la psychoboxe au sein de l'association d'aide sociale Montjoie. Présente en Sarthe et en Mayenne, cette structure humaniste prend en charge depuis 1947 enfants et adultes en difficulté. Depuis l’an dernier, une dizaine d’enfants et cinq adultes ont ainsi pu s’essayer à cette nouvelle approche où le divan est remplacé par un ring. Au lieu de s’allonger, on se tient debout. La séance se déroule à trois, la personne suivie et deux praticiens : l’un observe et chronomètre pendant que l’autre esquive les coups. Le but est d'explorer sa violence pour mieux la comprendre, lors d’un assaut d’une minute trente, à frappe atténuée, et d’en parler ensuite ; chaque mini combat peut être interrompu à tout moment, et est suivi d’un débriefing pour analyser ce qui vient de se passer.
Une approche alternative née dans l’est
Une technique imaginée dans les années 1970 par Richard Hellbrunn, un psychanalyste qui avait enseigné la boxe par le passé, et qui a emprunté aux deux disciplines, afin d’arriver à canaliser la violence déferlant chez les jeunes d’un quartier pauvre de Strasbourg auprès desquels il intervenait régulièrement. En les côtoyant, il a perçu l’intérêt de ce sport émotionnel autant que physique, dans lequel il faut tenir, face à un adversaire qui peut éveiller en nous la douleur. Il a vu dans le combat un moyen de prendre conscience de ce qui se joue lors des passages à l’acte, et donc d’entamer un travail pour les faire disparaître. Changement d’espace d’expression donc, "le ring vient compléter le travail effectué dans le cabinet du psychologue, pas le concurrencer ; il est utile dans la mesure où il permet de verbaliser la colère et d’amener ceux qui y seraient réticents à s’engager dans une démarche de soin", précise Stéphanie Gandil, psychologue et désormais psychoboxeuse.
De premiers résultats étonnants
Une évaluation sur l’expérimentation menée en Sarthe depuis plus d’un an et demi montre déjà des effets positifs. Quinze volontaires ont enfilé les gants pour affronter leurs angoisses, face tour à tour à une psychologue et un éducateur. Ils ont poussé pour cela la porte du gymnase d’Allonnes, où le club de boxe de la commune met son matériel à leur disposition. Les deux psychoboxeurs expérimentés qui assurent ces séances sont les seuls sur tout l’ouest de la France. Cela n’existait pas jusqu’à présent dans nos régions, et peut être proposé aux auteurs de violences ou à leurs victimes, aux personnes qui sortent de prison, aux parents qui ont du mal à se contrôler, aux adolescents aussi par exemple. Nous avons tous une violence en nous, qui peut s'exprimer au travers de notre corps ou par les mots employés.
Un appel aux soutiens
Pour développer la psychoboxe, l’association Montjoie Sarthe-Mayenne lance donc un appel aux soutiens financiers et aux partenaires publics et privés. "Le dispositif aujourd’hui est opérationnel" explique Pascale Noailles, directrice de l’espace parentalité de l’association Montjoie « Et l’on souhaiterait en faire bénéficier le plus grand nombre, car on fait du sur-mesure en fonction des besoins, et cela peut intéresser les collectivités, les établissements de soin ou les entreprises qui veulent soutenir leurs bénéficiaires ou leurs employés". Cette méthode n’est bien sûr pas adaptée aux personnes présentant de gros problèmes de santé, cardiaques par exemple.