Homophobie : des logements d’urgence pour les jeunes victimes

SWEET FM
Alexandre, qui a intégré l'un des appartements du dispositif Home au Mans, aux côtés de Florian Poup
Crédit : Noëlline Garon

21 septembre 2020 à 9h14 par Noëlline Garon

Le collectif "Tout s'Explique 72" propose depuis mars dernier des logements d'urgence pour les jeunes victimes d'homophobie. Le dispositif, nommé "Home au Mans", répond à un besoin évident.

Ce n'est pas encore une généralité, mais on y vient, progressivement. Dans plusieurs villes françaises, il existe des refuges destinés à l'accueil des jeunes personnes homosexuelles qui se trouvent rejetées de chez elles. Angers, par exemple, dispose de ce genre de structure. Le Mans aussi, depuis peu : un dispositif de logements d’urgence a été lancé en mars dernier par le collectif "Tout s’Explique 72" sous le nom "Home au Mans". Les bénéficiaires peuvent rester "à l'abri" trois mois durant. Parmi eux, Alexandre, 25 ans, parti des Ardennes et arrivé en Sarthe en août dernier : "Depuis ma naissance c’est compliqué, je suis un enfant qui a été placé, mes parents n’ont jamais accepté mon homosexualité quand ils l’ont su" explique-t-il, avant l'insoutenable : "Il y avait de la violence, des insultes, des étouffements. J’ai complètement coupé les ponts avec eux et là j’ai choisi de partir".

Un accompagnement complet

En plus d’un toit, le dispositif "Home au Mans" prévoit aussi un accompagnement personnalisé pour chaque individu accueilli : "On est là pour tout, on les aide à se réinsérer, ils peuvent retourner à l’école, faire des stages, reprendre leurs études. Même au niveau social, on peut les aider à s’intégrer" détaille Cindy Oesop, bénévole au sein de l’association "Habitat et humanisme", structure spécialisée dans l’intégration par le logement. Les jeunes hébergés peuvent aussi se confier à un parrain, un pair : "Cela permet de favoriser la mise en relation entre les personnes accueillies et toutes les autres structures du dispositif Home au Mans. Et ces pairs sont parfois aussi passé par les mêmes difficultés que peuvent rencontrer les jeunes logés au Mans" explique David Goubil, conseiller conjugal et familial au Planning familial du Mans.

D’autres logements à venir ?

Les membres du collectif "Tout s’Explique 72" feront le bilan de ce dispositif d’hébergement d’urgence en 2021 et verront à ce moment-là si des logements supplémentaires peuvent être inclus à l'offre : "C’est la première période, quand on aura le retour sur un an, on pourra voir si on peut partir sur des logements supplémentaires. En tout cas, ce que l’on peut dire c’est que depuis l’ouverture, les logements ne sont pas restés longtemps vacants. Mais quand ils sont pleins, si un jeune se présente, on ne sait pas quoi en faire donc c’est quelqu’un qui potentiellement peut se retrouver à la rue. Après on a aussi toute une ribambelle d’associations, de bénévoles qui peuvent accueillir si besoin, mais ça reste du système D" détaille Florian Poupon, président de l’association "Homogène".

Reportage de Noëlline Garon

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