Le Mans : victime de violences conjugales, Jérémy témoigne

SWEET FM
Maître Jean-Baptiste Vigin et son client dans la salle des pas perdus
Crédit : Jonathan Lateur

20 janvier 2021 à 15h48 par Jonathan Lateur

C'est assez peu fréquent au tribunal correctionnel du Mans : ce mardi 19 janvier, une femme était jugée pour violences conjugales sur son conjoint.

En dix ans de carrière au barreau du Mans, c’est la première fois que maître Jean-Baptiste Vigin assistait un homme victime de violences conjugales, lors d’une audience au tribunal correctionnel : "Ce sont des infractions très peu connues dont la presse et les pouvoirs publics se font très peu l’écho... Pourtant, les dernières enquêtes menées* révèlent que ce phénomène n’est pas si anecdotique ! Le problème, c’est que les hommes ont du mal à aller déposer plainte par sentiment de culpabilité ou encore de honte..." commente l’avocat.

Écouter maître Jean-Baptiste Vigin

Griffures et coups de poing au visage

Son client se prénomme Jérémy, un commerçant sarthois qui affirme avoir subi coups et blessures pendant presque la quasi-totalité des deux années de relation avec celle qui est aujourd’hui son ex : "Elle buvait beaucoup... Pendant les crises, elle cassait tout ce qu’elle trouvait, et lorsque j’intervenais pour la calmer, je recevais des griffures voire des coups de poing !" explique-t-il. Son visage, parfois trop marqué, l’obligeait à laisser fermée sa boutique : "J’avais peur des réactions des clients. Il fallait que je reste présentable" avoue l’intéressé.

Quatre mois de prison avec sursis

Si l’affaire a atterri sur le bureau des juges, ce n’est pas suite à un dépôt de plainte de Jérémy, mais parce que l’école de ses enfants, dont il avait la garde alternée, a alerté les autorités : "Mon fils ne voulait plus venir me voir !" assure le commerçant. L’adolescent s’est ensuite confié à ses professeurs, expliquant que son père faisant régulièrement l’objet de maltraitance dont il était le témoin. Le tribunal a finalement condamné la prévenue de 33 ans, dont le casier judiciaire était vierge, à quatre mois de prison avec sursis.

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*Selon le rapport d’enquête 2019 "Cadre de vie et sécurité" de l’Insee, sur la période 2011-2018, 28% des victimes de violences conjugales physiques et/ou sexuelles autodéclarées étaient des hommes. Soit environ une moyenne de 82 000 victimes par an.