Procès du père Max de Guibert : dérives éducatives ou sexuelles ?

SWEET FM
Le dossier d'instruction comporte pas moins de 16 tomes différents
Crédit : Jonathan Lateur

8 décembre 2020 à 10h58 par Jonathan Lateur

L'abbé Max de Guibert est jugé depuis ce lundi au tribunal correctionnel du Mans. Neuf jeunes garçons accusent le prêtre sarthois d'agressions sexuelles commises entre 1990 et 2003.

C’est avec un état d’esprit combatif que l’abbé Max de Guibert s’est présenté ce lundi devant le tribunal correctionnel du Mans. Le prêtre de 59 ans doit répondre de douze faits d’agressions sexuelles sur neuf mineurs entre 1990 et 2003. La première journée de débats a été consacrée aux témoignages d’une partie des plaignants. Parmi ceux qui se sont succédés à la barre, il y par exemple Christian. Aujourd’hui marié et père de famille, ce Sarthois avait 14 ans à l’époque des faits qui auraient été commis dans le presbytère de l’église de Mamers. "Le père Max m’a fait venir pour une séance photos. Je devais poser dans différentes positions en serviette voire complètement nu. Il m’a aussi aidé à me laver afin de me montrer comment on devait se décalotter" explique celui qui considérait le prévenu "comme un second père". Des affirmations immédiatement contestées par l’intéressé. Max de Guibert admet en revanche avoir photographié Christian avec ses frères pour les besoins d’une formation qu’il suivait sur "l’évolution du caractère sexuel des garçons à la puberté". "Quand vous passez un examen, vous préparez vous-même les diapos, vous pouviez utiliser un livre de SVT ou d’éducation sexuelle. A part votre besoin personnel, je ne vois pas l’intérêt !" interroge la présidente du tribunal. Et le prêtre de concéder : "Avec le recul, j’aurais du m’abstenir, c’était maladroit". A tel point qu'il explique aux juges avoir ensuite brûlé ces clichés.

Les punitions d’Antoine et Hervé

Autres cas, assez proches, ceux d’Antoine et Hervé. Deux adolescents en échec scolaire que le père Max avait pris sous son aile. Lorsqu’il faisait mal ses exercices, Antoine devait se dénuder entièrement, pour recevoir des fessées. "Mon désir était de faire un choc, aujourd’hui cela ne me paraît plus être une méthode adaptée" reconnaît le père Max, tout en évacuant toute connotation sexuelle dans son geste. Même humiliation pour Hervé, contraint de s’allonger à plat ventre sur son lit d’internat pour recevoir le châtiment corporel : "Cette punition n’était qu’un prétexte pour me scruter de haut en bas. Il prenait son temps entre les claques et me faisait rassoir entièrement nu en face de lui" raconte le plaignant. Là aussi, Max de Guibert admet avoir outrepassé son rôle : "Je reconnais que donner une fessée à un adolescent de 14 ans, c’était inapproprié, mais je n’ai pas observé son corps nu" insiste le curé. Vient le dossier d’Alexis, 13 ans. Le fils du sous-préfet de l’époque avait lui aussi dû se dénuder pour se faire inspecter les testicules. "Il m’avait parlé de ses problèmes de croissance, je voulais juste vérifier que tout allait bien" commente de Guibert. "On vient chez vous se confesser, et on se retrouve à se faire vérifier les bourses" rétorque la présidente du tribunal, soulignant ainsi les nombreuses "maladresses éducatives" de l’homme d’église. C'est à la suite de cette histoire que l'abbé fut placé sous surveillance par l'évêché en 1995.