Burn-out en Normandie : "Grâce à ma fille notamment, j'ai pu relever la tête"

Corinne Le Bars en compagnie de sa fille Laurianne

16 mars 2022 à 9h18 par Joris Marin / crédit photo : Joris Marin

Une journée d'étude sur le burn-out est organisée ce samedi 19 mars à Caen, à l'initiative de l'association "Les Pest", dont fait partie Corinne Le Bars. Cette Calvadosienne, qui a connu le syndrome d'épuisement professionnel, a réussi à remonter la pente grâce à ses proches.

C'est chez sa fille que l'on rencontre Corinne Le Bars. Dans le salon. Lieu idéal pour se confier. Cette Calvadosienne de 59 ans est biographe -elle a monté sa micro-entreprise- depuis deux ans suite à un licenciement pour inaptitude ayant suivi un burn-out : "En récupérant récemment mon dossier médical, je me suis rendu compte que, dès 2015, mon ancien médecin généraliste notait des problèmes au travail me concernant. Je n'en étais pas consciente même si je les avais formulés. Il y avait un processus de déni. Je ne vivais pas cela comme quelque chose d'inquiétant". Corinne Le Bars a travaillé 21 ans dans la même entreprise en tant que salariée. Elle taira le nom de cette société, car "c'est une petite structure, qui est facilement repérable". Elle y a occupé des postes différents, allant jusqu'à diriger un service et se retrouvant juste en dessous du directeur général. "J'avais des responsabilités très intéressantes". Avec tout ce qui va avec, et en premier lieu la charge de travail.

Et un jour, son corps a dit stop

Elle a pu remonter la pente grâce à ses proches

Enseignante en collège, sa fille, Laurianne Chaput, a été à plusieurs reprises interpellée par le changement de comportement de sa maman : "Régulièrement, je la voyais au bord des larmes pour pas grand-chose. J'associais cela à de la fatigue. Elle perdait des choses, comme ses clés, alors que c'est une personne très organisée. Je me souviens aussi d'une fois où elle avait passé un moment avec mes enfants et le soir elle a déclaré qu'elle était fatiguée... Elle les adore, pourtant. Là, je me suis dit que quelque chose n'allait pas". Un soir d'octobre 2018, au retour d'un déplacement professionnel, une partie du corps de Corinne se retrouve engourdie. Direction les urgences du CHU. A la clé, une hospitalisation de plusieurs jours et quelques examens. "Ils n'ont montré aucun AVC. En fait, mon corps me parlait et me disait qu'il fallait que je m'arrête". S'en suit un arrêt de travail de deux mois et demi. "J'ai essayé de reprendre le travail à temps partiel thérapeutique. Mais, ça a été un échec. Il y avait quelque chose de cassé". Place à la reconstruction. Ses proches ont été d'un soutien extrêmement précieux. Un ou deux amis, sa fille ainsi que ses petits-enfants.

L'accompagnement des proches

"Ma patronne me demande parfois beaucoup trop"

Esquirol, du nom de ce centre, qui abrite le service de psychiatrie adulte du CHU de Caen. Pour Corinne Le Bars, aller en psychiatrie était quelque chose d'impensable. Dans son ancien métier, elle proposait à des personnes de suivre des soins psychologiques. "J'ai passé un week-end à l'hôpital. Un électrochoc. Cela m'a permis de rencontrer un jeune interne, qui a accepté de me suivre en consultation externe. Ça a été le début de mon rétablissement". Et d'un changement de vie aussi. La maman de Laurianne a alors décidé de ne plus être salariée. "J'ai pourtant eu des opportunités après mon licenciement. Mais, j'en ai trop soupé (sic)". Elle a choisi de créer sa micro-entreprise et d'être sa propre patronne. "J'ai quelques défauts qui subsistent. Je suis toujours aussi exigeante avec moi-même. Ma patronne me demande parfois beaucoup trop et j'accepte beaucoup trop. J'ai encore cette tendance à vouloir prouver quelque chose". Point de vigilance, car Corinne Le Bars n'est pas guérie.

Elle n'est pas guérie

Journée d'étude ce samedi 19 mars à Caen

Après deux ans de crise sanitaire, deux millions et demi de salariés français s'estiment en burn-out sévère. C'est ce qui ressort du baromètre du cabinet "Empreinte Humaine". La détresse psychologique des salariés ne cesse de progresser. "Burn-out : à l'impossible nul n'est tenu" : c'est l'intitulé d'une journée d'étude organisée le samedi 19 mars dès 13h30 à l'IAE de Caen. Une action menée par l'association "Les PEST" -Patientes expertes de la souffrance au travail-. Corinne Le Bars en est la secrétaire. Une après-midi destinée à mieux faire connaître le processus de burn-out et à déculpabiliser les personnes qui en sont victimes ainsi que leurs proches. Il y aura plusieurs intervenantes, spécialistes de la question du burn-out. Entrée gratuite et ouverte à tous. 

Plus d'informations ici : https://pest-souffranceautravail.jimdofree.com/