Semur-en-Vallon : une turbine "Turboméca" est arrivée au Muséotrain

Chargement de la turbine au Mans

Modifié : 2 décembre 2025 à 11h33 par Emilien Borderie / crédit photo : Muséotrain

C'est une pièce mécanique fondatrice dans l'histoire de la grande vitesse ferroviaire qui est arrivée au Muséotrain, à Semur-en-Vallon. Une turbine "Turboméca"... grâce à laquelle certains ont peut-être pu voyager sur le réseau ferré français dès les années soixante.

Les ferrovipathes -nom qu'on donne aux passionnés du rail- seront forcément intéressés : le Muséotrain, lieu de mémoire et d'animation autour des sujets ferroviaires à Semur-en-Vallon, annonce l'arrivée dans son espace d'exposition, d'une "turbine Turboméca". L'engin, impressionnant pour ne pas dire effrayant avec ses deux énormes pots d'échappement, était jusqu'à maintenant stocké au Mans, au Centre d'ingénierie du matériel de la SNCF... où plus aucun technicien n'avait de raison de s'y intéresser, la pièce étant vieille de plus d'un demi-siècle et totalement dépassée sur le plan technologique à l'heure où les trains les plus rapides avancent à l'électricité et non plus en thermique.

L'épopée de la grande vitesse

"Il était temps pour les ingénieurs de se séparer de cette belle pièce historique" selon Christian Pottier, président de l'association du Muséotrain : "Cette motorisation exceptionnelle faisait des prodiges mais hélas buvait, en quelque sorte, un peu trop, surtout après la crise énergétique de 1973... Pour autant, difficile, d'une simple signature de décider de sa mise à la ferraille, on n'envoie pas comme ça un symbole à la benne !". Ce samedi 29 novembre, les bénévoles de l'association sont allés charger la bête dans leur camionnette et l'ont installée au coté d'une autre pièce exceptionelle, le moteur ferroviaire Renault qui, lui aussi, aura beaucoup compté dans l'épopée de la grande vitesse.

La turbine, arrivée à Semur-en-Vallon

Au début des années soixante

La mise en service des turbines ferroviaires "Turboméca" -marque devenue "Safran Helicopter Engines"- remonte aux années soixante : alimentées au gaz et initialement conçues pour faire voler des hélicoptères, des avions ou même rouler des chars d'assaut, elles avaient alors été adaptées afin de propulser jusqu'à 200 km/h les rames "ETG" et "RTG" de la SNCF, qui les a employées sur certains tronçons jusqu'en... 2004 tout de même, preuve d'une certaine robustesse. "Ces motrices ont complètement disparu, sauf une qui est conservée complète à la Cité du Train à Mulhouse, avec sa turbine de propulsion présentée aux visiteurs" souligne Christian Pottier, pas peu fier de pouvoir désormais présenter lui-aussi la sienne au grand public !

Turbotrain

Gourmand et bruyant

"Malgré leurs qualités indéniables en terme de vitesse principalement, les rames qui étaient équipées de ces turbines avaient pour très gros défaut de consommer beaucoup, jusqu'à 340 litres de gazole par heure" confirme Bernard, aujourd'hui retraité et bénévole au Muséotrain de Semur-en-Vallon, qui se trouve avoir été cheminot à la SNCF en charge de la conduite des "ETG" puis des "RTG" à l'époque : "Sur la ligne Caen - Le Mans - Tours, on faisait le plein à Caen puis on devait recommencer à Saint-Pierre-des-Corps" complète-t-il, en soulignant que "le bruit, notamment au démarrage avec un sifflement comparable à celui d'un avion, était un autre inconvénient !".